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Les étapes du pèlerinage avec petit lexique des œuvres de miséricorde

Écrit par Bertrand Lemaire Mardi, 23 Février 2016 00:00

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"Miséricordieux comme le Père" est donc la "devise" de l’Année Sainte. La mise en œuvre de cette devise suppose une "règle du jeu" pour tenter d’y parvenir.

Dans un premier temps François a choisi dans l’Évangile les faits et gestes de Jésus qui témoignent de sa miséricorde envers ceux qu’il a rencontrés.

Dans un deuxième temps le Pape a entrainé son Église vers le témoignage explicite de sa propre miséricorde envers tout homme pécheur.

Dans un troisième temps, qui nous concerne aujourd’hui, François, en bon médecin, rédige son ordonnance et précise la règle du jeu :
1) Sortir de chez soi sous la forme d’un pèlerinage.
2) Franchir la porte sainte.
3) Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés.
4) Donnez avec une mesure bien pleine et l’on vous donnera.
5) Ne pas s’adonner aux ragots.
6) Etre compatissant envers tous.

Telles sont les premières conditions pour exprimer à Dieu, de façon concrète, notre capacité et notre disponibilité pour recevoir sa miséricorde.

14. Le pèlerinage est un signe particulier de l’Année Sainte : il est l’image du chemin que chacun parcourt au long de son existence. La vie est un pèlerinage, et l’être humain un viator, un pèlerin qui parcourt un chemin jusqu’au but désiré. Pour passer la Porte Sainte à Rome, et en tous lieux, chacun devra, selon ses forces, faire un pèlerinage. Ce sera le signe que la miséricorde est un but à atteindre, qui demande engagement et sacrifice. Que le pèlerinage stimule notre conversion : en passant la Porte Sainte, nous nous laisserons embrasser par la miséricorde de Dieu, et nous nous engagerons à être miséricordieux avec les autres comme le Père l’est avec nous.

Le Seigneur Jésus nous montre les étapes du pèlerinage à travers lequel nous pouvons atteindre ce but : "Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous" (Lc 6, 37-38). Il nous est dit, d’abord, de ne pas juger, et de ne pas condamner. Si l’on ne veut pas être exposé au jugement de Dieu, personne ne doit devenir juge de son frère. De fait, en jugeant, les hommes s’arrêtent à ce qui est superficiel, tandis que le Père regarde les cœurs. Que de mal les paroles ne font-elles pas lorsqu’elles sont animées par des sentiments de jalousie ou d’envie ! Mal parler du frère en son absence, c’est le mettre sous un faux jour, c’est compromettre sa réputation et l’abandonner aux ragots. Ne pas juger et ne pas condamner signifie, de façon positive, savoir accueillir ce qu’il y a de bon en toute personne et ne pas permettre qu’elle ait à souffrir de notre jugement partiel et de notre prétention à tout savoir. Ceci n’est pas encore suffisant pour exprimer ce qu’est la miséricorde. Jésus demande aussi de pardonner et de donner, d’être instruments du pardon puisque nous l’avons déjà reçu de Dieu, d’être généreux à l’égard de tous en sachant que Dieu étend aussi sa bonté pour nous avec grande magnanimité.

Miséricordieux comme le Père, c’est donc la “devise” de l’Année Sainte. Dans la miséricorde, nous avons la preuve de la façon dont Dieu aime. Il se donne tout entier, pour toujours, gratuitement, et sans rien demander en retour. Il vient à notre secours lorsque nous l’invoquons. Il est beau que la prière quotidienne de l’Eglise commence avec ces paroles : "Mon Dieu, viens me délivrer ; Seigneur, viens vite à mon secours" (Ps 69, 2). L’aide que nous implorons est déjà le premier pas de la miséricorde de Dieu à notre égard. Il vient nous sauver de la condition de faiblesse dans laquelle nous vivons. Son aide consiste à rendre accessible sa présence et sa proximité. Touchés jour après jour par sa compassion, nous pouvons nous aussi devenir compatissants envers tous.

Après avoir prescrit l’ordonnance de remise en forme de l’état général du patient, le médecin François procède à une "revue détaillée" de chacun de nos membres, pour les mettre au service de la Miséricorde:
- Ouvrons nos yeux à la misère,
- Que nos mains serrent le corps du blessé et soignent ses blessures,
- Que nos oreilles entendent le cri de ceux qui nous appellent,
- Donnons à manger et à boire,
- Vêtons ceux qui sont nus,
- Accueillons l’étranger,
- Soulageons, pansons, assistons, soignons, visitons, ensevelissons, conseillons, enseignons, avertissons, pardonnons, supportons, prions.

Pour nous encourager à la persévérance, le Pape François conclut par cette phrase de saint Jean de la Croix: "Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour".

15. Au cours de cette Année Sainte, nous pourrons faire l’expérience d’ouvrir le cœur à ceux qui vivent dans les périphéries existentielles les plus différentes, que le monde moderne a souvent créées de façon dramatique. Combien de situations de précarité et de souffrance n’existent-elles pas dans le monde d’aujourd’hui ! Combien de blessures ne sont-elles pas imprimées dans la chair de ceux qui n’ont plus de voix parce que leur cri s’est évanoui et s’est tu à cause de l’indifférence des peuples riches !

Au cours de ce Jubilé, l’Eglise sera encore davantage appelée à soigner ces blessures, à les soulager avec l’huile de la consolation, à les panser avec la miséricorde et à les soigner par la solidarité et l’attention. Ne tombons pas dans l’indifférence qui humilie, dans l’habitude qui anesthésie l’âme et empêche de découvrir la nouveauté, dans le cynisme destructeur. Ouvrons nos yeux pour voir les misères du monde, les blessures de tant de frères et sœurs privés de dignité, et sentons-nous appelés à entendre leur cri qui appelle à l’aide.

Que nos mains serrent leurs mains et les attirent vers nous afin qu’ils sentent la chaleur de notre présence, de l’amitié et de la fraternité. Que leur cri devienne le nôtre et qu’ensemble, nous puissions briser la barrière d’indifférence qui règne souvent en souveraine pour cacher l’hypocrisie et l’égoïsme.

J’ai un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse durant le Jubilé sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Ce sera une façon de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage le cœur de l’Evangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine. La prédication de Jésus nous dresse le tableau de ces œuvres de miséricorde, pour que nous puissions comprendre si nous vivons, oui ou non, comme ses disciples. Redécouvrons les œuvres de miséricorde corporelles : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Et n’oublions pas les œuvres de miséricorde spirituelles : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

Nous ne pouvons pas échapper aux paroles du Seigneur et c’est sur elles que nous serons jugés : aurons-nous donné à manger à qui a faim et à boire à qui a soif ? Aurons-nous accueilli l’étranger et vêtu celui qui était nu ? Aurons-nous pris le temps de demeurer auprès de celui qui est malade et prisonnier ? (cf. Mt 25, 31-45). De même, il nous sera demandé si nous avons aidé à sortir du doute qui engendre la peur, et bien souvent la solitude; si nous avons été capable de vaincre l’ignorance dans laquelle vivent des millions de personnes, surtout des enfants privés de l’aide nécessaire pour être libérés de la pauvreté, si nous nous sommes faits proches de celui qui est seul et affligé; si nous avons pardonné à celui qui nous offense, si nous avons rejeté toute forme de rancœur et de haine qui porte à la violence, si nous avons été patients à l’image de Dieu qui est si patient envers nous; si enfin, nous avons confié au Seigneur, dans la prière nos frères et sœurs. C’est dans chacun de ces "plus petits" que le Christ est présent. Sa chair devient de nouveau visible en tant que corps torturé, blessé, flagellé, affamé, égaré… pour être reconnu par nous, touché et assisté avec soin. N’oublions pas les paroles de Saint Jean de la Croix : "Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour".

Au fil de la semaine :

La réponse de Jésus à Pierre est ferme et rassurante: Ne crains pas, à partir de maintenant tu seras pêcheur d'hommes. Plaçant à nouveau toute sa confiance en Jésus, le pêcheur de Galilée, en se fondant sur sa parole de Maître et Seigneur, et avec lui Jacques et Jean, a entrepris de participer à la mission de Jésus. Cette mission est devenue la mission de l'Eglise, qui est de pêcher les hommes et les femmes pour leur rendre par le pardon des péchés leur pleine dignité et la liberté. Telle est l'essence du christianisme qui est de diffuser l'amour régénérateur et gratuit de Dieu, en étant miséricordieux envers tous afin que chacun puisse connaître la tendresse de Dieu et avoir la plénitude de la vie. Et ici, en particulier, je pense aux confesseurs, qui sont les premiers à devoir administrer la miséricorde du Père, en suivant l'exemple de Jésus et comme l'ont fait saint Léopold et Padre Pio. L'Evangile du jour nous interpelle: Savons nous vraiment faire confiance à la parole de l'Eternel? Ne nous laissons pas décourager par nos erreurs. En cette Année Sainte de la Miséricorde nous sommes appelés à réconforter les pécheurs, qui se sentent indignes devant le Seigneur à cause de leurs péchés. Avec Jésus, redisons-leur de ne pas avoir peur. La miséricorde de Dieu est plus grande que nos péchés!
Angélus du dimanche 7 Février 2016


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