Imprimer

MARIE LOUISE TRICHET

Écrit par Bertrand Lemaire Dimanche, 20 Février 2022 00:00

Changer taille:

Marie Louise Trichet

De bonne famille, Marie Louise Trichet était fille du procureur général de Poitiers. Touchée au plus profond d’elle-même par vos enseignements et votre rayonnement, elle suit vos conseils en se mettant au service des plus pauvres. Ainsi commencent les prémices d’une belle «histoire sainte»!

En effet, les pauvres vont constituer la trame de sa vie ! Pour l’inciter à quitter un peu plus ce monde du « paraître » auquel sa jeunesse l’avait accoutumée, je lui ai proposé la démarche suivante : "Ma fille, il m’est venu à la pensée de vous faire changer d’habillement. J’ai reçu dix écus en aumône qui vont servir à cela". Je touchais là un point sensible et elle me répondit : "Ma mère y consentira-t-elle ?"

On peut la comprendre !

Je lui ai répondu : "Allez lui demander son consentement" ! Et pour ne pas heurter sa chère maman, Marie Louise prit bien garde de préciser qu’il s’agissait du vêtement des femmes du peuple, simple habit de drap gris, lourd et sans élégance. La réalité, madame Trichet la découvrit le 2 février 1703 lorsque sa fille sortit pour la première fois dans ses nouveaux atours, sa stupéfaction fut grande et tout le monde cria au scandale, à la démence... Cette pauvre mère se sentit publiquement bafouée à travers sa fille.

On la comprend aisément ! De quels moyens disposait-elle pour modifier cette décision de sa fille?

Elle intervint tout simplement auprès de l’évêque lui même, afin que cette comédie déshonorante cesse au plus tôt. Elle se rapprocha également de moi, je lui répondis : "Madame, votre fille n’est plus à vous, mais à Dieu". Marie Louise tint bon, elle continua à marcher à la suite de la « Sagesse incarnée » et deviendra ainsi la mère d’une admirable famille religieuse. Nous évoquerons ultérieurement le déroulement de sa vie, faite de dévouement et d’obéissance.

Après l’intermède de votre sœur Louise que vous avez sortie du pétrin à Paris et après cet épisode de Marie Louise Trichet, de quel troupeau allez-vous être le pasteur ?

Je retourne à l’hôpital de Poitiers pour retrouver mes pauvres qui m’attendaient avec impatience. Je suis à leur service de jour comme de nuit. Mais « Dame jalousie » fait encore son travail dans l’ombre et six mois plus tard la direction me met en demeure de quitter mon poste. Pour moi cela signifiait quitter mes pauvres, quitter Marie Louise Trichet, quitter les œuvres que j’avais développées dans toute la ville. A nouveau je suis réduit à être comme une balle dans un jeu de paume. Je repars donc pour Paris d’où j’écrirai à Marie Louise : "Dieu, mon Maître, m’a conduit à Paris comme malgré moi, il a en cela ses desseins que j’adore sans les connaître" !

Vos amis de séminaire et de la paroisse saint Sulpice sont encore vos proches ?

Cela fait déjà trois années que j’ai quitté la capitale après mon ordination et j’arrive donc les pieds en sang, dénué de tout. Je n’ai plus un seul ami à la porte duquel je peux aller frapper, pas une chaire ou un confessionnal pour y exercer mon ministère. Je n’ai, comme relation que le monastère des bénédictines qui précédemment ont sorti ma sœur de la misère et l’ont accueillie ensuite. Que faire dans une telle situation ? Spontanément je me dirige vers l’hôpital général de la Salpêtrière, désireux de me rendre utile aux innombrables miséreux et vagabonds. (Extraits du livre « En haute mer »)


Powered by Web Agency

Textes Liés: