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LES LENDEMAINS DE ROME

Écrit par Bertrand Lemaire Dimanche, 24 Avril 2022 00:00

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Les Lendemains De Rome

Enfin Poitiers, après 800 kms à pieds ! Indispensable de vous refaire une santé auprès de vos amis ?

J’arrive à Poitiers le jour de la saint Louis le 25 août, je célèbre une messe d’action de grâce à mon saint patron et je vais sans tarder rencontrer Marie Louise Trichet à l’hôpital ainsi que mon confesseur. Les nouvelles vont vite, au point que l’évêché apprend aussitôt mon retour. Mes adversaires ne peuvent supporter l’idée de me revoir dans les rues de leur ville, ils font pression sur l’évêque pour me signifier que je suis interdit de séjour et que je dois déguerpir du diocèse sous 24 heures.

Et ça continue ! Votre pèlerinage à Rome n’a rien arrangé, que décidez-vous ?

Je franchis les six lieues qui me permettent de rejoindre le diocèse voisin où je me réfugie chez un prêtre ami pour y faire un temps de retraite. Le Pape vient de me donner l’obédience de « missionnaire apostolique », je décide de retrousser mes manches et de me rendre en Bretagne pour y exercer cette mission d’église. Sur ma route se trouve Notre Dame des Ardilliers puis Fontevrault que je connais bien puisque ma sœur y est religieuse, je ne l’ai pas revue depuis 5 ans. J’ai le projet d’y faire étape pour lui raconter mon voyage à Rome.

Vous y serez sûrement accueilli les bras ouverts ?

Je décide de m’y présenter comme un pauvre, ne serait-ce que pour permettre aux sœurs d’agir par foi et charité. Je tire la sonnette tel un mendiant, demandant à la sœur tourière de bien vouloir m’héberger pour l’amour de Dieu. Très curieuse elle veut en savoir plus sur mon identité, je réponds : « La charité pour l’amour de Dieu ». Elle soumet le problème à l’abbesse nouvellement élue qui ne me connaît pas. Intriguée elle veut, elle aussi, en savoir plus. Je lui réponds « Que vous importe mon nom ? Ce n’est pas pour moi mais pour l’amour de Dieu que je vous demande la charité » ! Je fus renvoyé comme indésirable. J’ajoute en partant : « Si vous me connaissiez, vous ne me refuseriez pas la charité ».

Vous êtes pris à votre propre piège !

Pas du tout ! A la récréation suivante, mon renvoi fit l’objet des commérages des religieuses. Ma sœur Sylvie se doute alors qu’il s’agit de moi et s’exclame:« Je parie que c’est mon frère » ! Entre temps j’avais pris le large, mais l’abbesse envoie un courrier à ma poursuite me disant « Madame l’Abbesse s’excuse de ne pas vous avoir reconnu et vous prie de bien vouloir revenir à l’abbaye ». Je lui ai fait répondre : « Madame l’Abbesse n’a pas voulu me faire la charité pour l’amour de Dieu, elle me l’offre maintenant pour l’amour de moi, je la remercie ». Ce soir-là j’ai cherché refuge chez des pauvres gens de la campagne.

Vous êtes également passé à Notre Dame des Ardilliers ?

J’y suis resté pour prier plusieurs jours dans la paix ? C’était une communauté nouvelle dont la fondatrice avait pour nom Jeanne de la Noue. Nous avons passé de longs moments ensemble. Elle devait justement déposer à l’évêché les statuts de la règle de son institut et elle me demanda conseil, ce à quoi je lui ai répondu : « Je vais célébrer la messe à votre intention, communiez-y et ne doutez pas que Dieu me fasse connaître ce que je dois vous dire». La messe achevée, je lui ai dit : « Ma fille, c’est Dieu qui vous inspire dans votre démarche, Continuez à vivre comme vous avez commencé ». Ce qui calma toutes ses inquiétudes. (Extraits du livre « En haute mer »)


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