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La dimension sociale de l’évangélisation

Écrit par Bertrand Lemaire Jeudi, 11 Décembre 2014 00:00

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A lire du §176 au §179 inclus: Evangelii Gaudium "La Joie de l'Evangile"- Exhortation apostolique du Pape François

Pape Francois Et Enfant Jesus

En préambule à ce nouveau chapitre, le Pape François souligne l’importance de cette dimension sociale de l’évangélisation qui inspire tellement sa sensibilité missionnaire.

Évangéliser c’est rendre présent dans le monde le Royaume de Dieu. Mais "aucune définition partielle et fragmentaire ne donne raison de la réalité riche, complexe et dynamique qu’est l’évangélisation, sinon au risque de l’appauvrir et même de la mutiler". Je voudrais partager à présent mes préoccupations au sujet de la dimension sociale de l’évangélisation précisément parce que, si cette dimension n’est pas dûment explicitée, on court toujours le risque de défigurer la signification authentique et intégrale de la mission évangélisatrice.

Pour mémoire rappelons le sens du mot kérygme : "Jésus Messie est Seigneur et Sauveur."
De cette phrase centrale de l’évangélisation vont découler quatre mots indissociables : social, communautaire, moral, charité.

Le kérygme possède un contenu inévitablement social : au cœur même de l’Évangile, il y a la vie communautaire et l’engagement avec les autres. Le contenu de la première annonce a une répercussion morale immédiate dont le centre est la charité.

Là encore, François cherche à nous faire sortir de nos sacristies ! Proclamer le salut en Jésus Christ implique les conséquences qui vont en découler au niveau de notre vie sociale et de tous ceux qui nous entourent.

Confesser un Père qui aime infiniment chaque être humain implique de découvrir qu’"il lui accorde par cet amour une dignité infinie".
Confesser que le Fils de Dieu a assumé notre chair signifie que chaque personne humaine a été élevée jusqu’au cœur même de Dieu. Confesser que Jésus a donné son sang pour nous nous empêche de maintenir le moindre doute sur l’amour sans limite qui ennoblit tout être humain. Sa rédemption a une signification sociale parce que "dans le Christ, Dieu ne rachète pas seulement l’individu mais aussi les relations sociales entre les hommes".
Confesser que l’Esprit Saint agit en tous implique de reconnaître qu’il cherche à pénétrer dans chaque situation humaine et dans tous les liens sociaux : "L’Esprit Saint possède une imagination infinie, précisément de l’Esprit divin, qui sait dénouer les nœuds même les plus complexes et les plus inextricables de l’histoire humaine". L’évangélisation cherche à coopérer aussi à cette action libératrice de l’Esprit. Le mystère même de la Trinité nous rappelle que nous avons été créés à l’image de la communion divine, pour laquelle nous ne pouvons nous réaliser ni nous sauver tout seuls. À partir du cœur de l’Évangile, nous reconnaissons la connexion intime entre évangélisation et promotion humaine, qui doit nécessairement s’exprimer et se développer dans toute l’action évangélisatrice. L’acceptation de la première annonce, qui invite à se laisser aimer de Dieu et à l’aimer avec l’amour que lui-même nous communique, provoque dans la vie de la personne et dans ses actions une réaction première et fondamentale : désirer, chercher et avoir à cœur le bien des autres.

Le Pape semble nous conseiller de prendre de nouvelles lunettes pour redécouvrir la saveur de certaines phrases de l’évangile, vis-à-vis desquelles nous sommes trop souvent blasés, et qui sont essentielles. Sans être prophète, ces quelques passages choisis par lui nous projettent déjà au cœur du pontificat de notre pape, tant son charisme propre y puise toute sa force. ...

Ce lien indissoluble entre l’accueil de l’annonce salvifique et un amour fraternel effectif est exprimé dans certains textes de l’Écriture qu’il convient de considérer et de méditer attentivement pour en tirer toutes les conséquences.
Il s’agit d’un message auquel fréquemment nous nous habituons, nous le répétons presque mécaniquement, sans pouvoir nous assurer qu’il ait une réelle incidence dans notre vie et dans nos communautés. Comme elle est dangereuse et nuisible, cette accoutumance qui nous porte à perdre l’émerveillement, la fascination, l’enthousiasme de vivre l’Évangile de la fraternité et de la justice ! La Parole de Dieu enseigne que, dans le frère, on trouve le prolongement permanent de l’Incarnation pour chacun de nous : "Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait" (Mt 25, 40). Tout ce que nous faisons pour les autres a une dimension transcendante : "De la mesure dont vous mesurerez, on mesurera pour vous" (Mt 7, 2) ; et elle répond à la miséricorde divine envers nous. "Montrez-vous compatissants comme votre Père est compatissant. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés ; remettez, et il vous sera remis. Donnez et l’on vous donnera… De la mesure dont vous mesurez, on mesurera pour vous en retour" (Lc 6, 36-38). Ce qu’expriment ces textes c’est la priorité absolue de “ la sortie de soi vers le frère ” comme un des deux commandements principaux qui fondent toute norme morale et comme le signe le plus clair pour faire le discernement sur un chemin de croissance spirituelle en réponse au don absolument gratuit de Dieu. Pour cela même, "le service de la charité est, lui aussi, une dimension constitutive de la mission de l’Église et il constitue une expression de son essence-même".
Comme l’Église est missionnaire par nature, ainsi surgit inévitablement d’une telle nature la charité effective pour le prochain, la compassion qui comprend, assiste et promeut.

Le mot miséricorde résume bien le cœur du kérygme pour ce début du troisième millénaire. Il est en parfaite continuité avec les pontificats de Jean-Paul II et de Benoit XVI.

Et Lo Tedhal dans tout cela ?

"Tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait". Seigneur, tu es donc le pauvre, le petit, le malade, le méprisé ; celui pour lequel on n’a pas le temps de s’arrêter dans la course à la productivité, à l’efficacité, à la gloire ! Tes paroles me poussent à faire un examen de conscience. Il est si facile de se croire bon chrétien. (Extrait de l’Evangile en prières)


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