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Motivation pour une impulsion missionnaire renouvelée

Écrit par Bertrand Lemaire Jeudi, 21 Mai 2015 00:00

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A lire du §262 au §264 inclus: Evangelii Gaudium "La Joie de l'Evangile"- Exhortation apostolique du Pape François

Pape Francois Adoration Eucharistique

Prière, travail, engagement, activité sont quatre points forts qui doivent figurer sur le CV du "parfait évangélisateur"... La prière est le poumon qui donne la force, mais elle ne doit pas s’inscrire dans une spiritualité intimiste et individualiste.

Évangélisateurs avec esprit signifie évangélisateurs qui prient et travaillent. Du point de vue de l’Évangélisation, il n’y a pas besoin de propositions mystiques sans un fort engagement social et missionnaire, ni de discours et d’usages sociaux et pastoraux, sans une spiritualité qui transforme le cœur. Ces propositions partielles et déconnectées ne touchent que des groupes réduits et n’ont pas la force d’une grande pénétration, parce qu’elles mutilent l’Évangile. Il faut toujours cultiver un espace intérieur qui donne un sens chrétien à l’engagement et à l’activité.
Sans des moments prolongés d’adoration, de rencontre priante avec la Parole, de dialogue sincère avec le Seigneur, les tâches se vident facilement de sens, nous nous affaiblissons à cause de la fatigue et des difficultés, et la ferveur s’éteint.
L’Église ne peut vivre sans le poumon de la prière, et je me réjouis beaucoup que se multiplient dans toutes les institutions ecclésiales les groupes de prière, d’intercession, de lecture priante de la Parole, les adorations perpétuelles de l’Eucharistie.
En même temps, "on doit repousser toute tentation d’une spiritualité intimiste et individualiste, qui s’harmoniserait mal avec les exigences de la charité pas plus qu’avec la logique de l’Incarnation". Il y a un risque que certains moments d’oraison se transforment en excuse pour ne pas se livrer à la mission, parce que la privatisation du style de vie peut porter les chrétiens à se réfugier en de fausses spiritualités.

A la manière de Jean XXIII, le Pape semble désigner les "prophètes de malheur" qui oublient souvent le drame des persécutions qui se déroulent depuis de 2000 ans : "Aujourd’hui ce n’est pas plus difficile, c’est différent".

Il est salutaire de se souvenir des premiers chrétiens et de tant de frères au cours de l’histoire qui furent remplis de joie, pleins de courage, infatigables dans l’annonce, et capables d’une grande résistance active. Il y en a qui se consolent en disant qu’aujourd’hui c’est plus difficile ; cependant, nous devons reconnaître que les circonstances de l’empire romain n’étaient pas favorables à l’annonce de l’Évangile, ni à la lutte pour la justice, ni à la défense de la dignité humaine.
A tous les moments de l’histoire, la fragilité humaine est présente, ainsi que la recherche maladive de soi-même, l’égoïsme confortable et, en définitive, la concupiscence qui nous guette tous.
Cela arrive toujours, sous une forme ou sous une autre ; cela vient des limites humaines plus que des circonstances. Par conséquent, ne disons pas qu’aujourd’hui c’est plus difficile ; c’est différent.
Apprenons plutôt des saints qui nous ont précédés et qui ont affronté les difficultés propres à leur époque. À cette fin, je propose que nous nous attardions à retrouver quelques motivations qui nous aident à les imiter aujourd’hui.

Notre cœur froid, tiède, superficiel ne peut seul nous conduire à devenir évangélisateur. Notre prière, "à cœur ouvert", contemplative peut nous transformer. C’est Jésus qui transforme : "Quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu" a dit Jésus à Nicodème.

La première motivation pour évangéliser est l’amour de Jésus que nous avons reçu, l’expérience d’être sauvés par lui qui nous pousse à l’aimer toujours plus. Mais, quel est cet amour qui ne ressent pas la nécessité de parler de l’être aimé, de le montrer, de le faire connaître ? Si nous ne ressentons pas l’intense désir de le communiquer, il est nécessaire de prendre le temps de lui demander dans la prière qu’il vienne nous séduire. Nous avons besoin d’implorer chaque jour, de demander sa grâce pour qu’il ouvre notre cœur froid et qu’il secoue notre vie tiède et superficielle.
Placés devant lui, le cœur ouvert, nous laissant contempler par lui, nous reconnaissons ce regard d’amour que découvrit Nathanaël, le jour où Jésus se fit présent et lui dit : "Quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu" (Jn 1, 48). Qu’il est doux d’être devant un crucifix, ou à genoux devant le Saint-Sacrement, et être simplement sous son regard ! Quel bien cela nous fait qu’il vienne toucher notre existence et nous pousse à communiquer sa vie nouvelle ! Par conséquent, ce qui arrive, en définitive, c’est que "ce que nous avons vu et entendu, nous l’annonçons" (1 Jn 1, 3). La meilleure motivation pour se décider à communiquer l’Évangile est de le contempler avec amour, de s’attarder en ses pages et de le lire avec le cœur. Si nous l’abordons de cette manière, sa beauté nous surprend, et nous séduit chaque fois. Donc, il est urgent de retrouver un esprit contemplatif, qui nous permette de redécouvrir chaque jour que nous sommes les dépositaires d’un bien qui humanise, qui aide à mener une vie nouvelle. Il n’y a rien de mieux à transmettre aux autres.

Selon son habitude, le Pape exprime les dispositions auxquelles nous devons souscrire, elles concernent d’abord notre volonté. Dans un deuxième temps, tenant compte de notre faiblesse, il rappelle que c’est Dieu, en réponse à notre prière, qui peut nous donner sa force et son efficacité.

Et Lo Tedhal dans tout cela ?

Seigneur, Nathanël s’avance vers toi, qui l’attendais au tournant. Tu le vois venir (un peu comme Zachée), tu le nommes (comme Philippe) et dis : "Voici un Israélite en qui il n’y a pas d’artifice", c’est-à-dire de tromperie. C’était un compliment : un Israélite sans tromperie, c’est celui qui lit la Bible, qui est droit ! Nathanaël, flatté de tes paroles, demande alors : "Comment me connais-tu ?" Quelle question ! Te demander, à toi Dieu, comment tu le connais ! Du tac au tac, en le regardant, tu lui dis : "Avant que Philippe ne t’appelât, je t’ai vu sous le figuier" (seul arbre de Palestine donnant de l’ombre, un peu comme le sycomore). Cela me fait penser à une expression libanaise qui dit "être sous le chêne" pour dire qu’on est en train de lire la Bible ou ton Évangile. C’est comme si tu lui disais : "Je t’ai vu en train de me chercher, de me lire et j’étais, mon pauvre Nathanaël, à la dernière page mais tu ne l’as pas tournée !" En entendant cela, Nathanaël se jette à tes pieds : "Rabbi ! Tu es le Roi d’Israël !" (…) Mais il ne me suffit pas pour autant de se délecter en toi dans une attitude de repos, d’immobilisme, de quiétisme sans avoir le souci de ceux pour qui je dois porter du fruit, et des fruits en abondance. En effet, si ma vie ne peut venir que de toi, ce n’est pas pour ma propre satisfaction, elle doit être féconde. (Extraits de l’Evangile en prières)


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