Le Carême est le temps de la longue marche du Peuple de Dieu vers Pâques: quarante jours sacramentels et dimension constante de la vie en Jésus-Christ. Durant ce temps, l’Eglise entend encore davantage l’Esprit qui murmure: "Lève-toi et marche vers le Père, laisse-toi arracher au péché, laisse-toi réconcilier avec tes frères...".
Deux moments de l’Histoire du Peuple de Dieu, relus à la lumière de la Résurrection, font pressentir le sens du Carême: l’Exode et l’Exil. Nous avons retenu l’expression "l’Eglise en Exode" parce que le retour de l’Exil est présenté par les prophètes comme le nouvel Exode.
L’Exode: temps de marche vers l’Alliance, du cheminement de Dieu avec son peuple; temps de révélation, de purification, d’épreuve et de combat; temps de la fidélité de Dieu à travers l’infidélité de l’homme.
L’Exil: le peuple s’y découvre enfin pécheur, il comprend qu’il a oublié son Dieu, il crie vers le Dieu de la fidélité et de la tendresse, il éprouve l’amour de son Sauveur plus fort que le péché; au cœur du Dieu fidèle, il n’est pas d’exil sans retour et seuls les pauvres consentent à revenir.
Jésus accomplit ces figures et révèle en lui-même le sens du Carême à son Eglise: il est notre passage et notre retour, il est notre Pâque immolée.
Les hommes sont prisonniers, maintenus en esclavage, retenus en captivité par Satan. Mais voici que paraît Jésus, le Verbe de Dieu. Voici le Serviteur qui, poussé par l’Esprit, va affronter Satan au désert, pour connaître tout de l’homme, pour connaître la tentation de l’homme et la confondre. Le "père du mensonge" est démasqué par le "Véritable"; le "père des riches et des repus" se trouve en face du "Pauvre de Dieu". Le "séducteur du monde entier" tente Celui qui est "plein de Grâce et de Vérité". Voici le "Prince de ce monde", prince qui engendre peur, angoisse et haine, confondu par le "Prince de la Paix", Celui qui répand l’amour parfait dans lequel il n’y a plus de crainte.
Le combat commencé dès les origines arrive à l’affrontement décisif. Satan s’avance avec son arsenal et ses mirages qui ne changent guère depuis qu’il est entré dans le monde. Ce n’est pas encore le combat mais une première passe d’armes: Satan ment… et le Verbe de Dieu le met en déroute. Le Mauvais n’a pas de prise sur lui: il ne peut rien contre le "glaive de l’Esprit". Ses mensonges ne résistent pas à la Parole de Dieu, "efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants" et "Satan s’éloigne pour revenir au temps marqué".
Voici le temps du Carême, "temps favorable", temps de la faveur du Père et de la ferveur de l’Esprit, temps d’illumination et de conversion, de réconciliation et de transfiguration, temps de marche et de présence, temps de faim et de soif, de gémissement et de larmes du cœur, temps de cheminement et de combat, temps où "le Royaume souffre violence", temps des retrouvailles et de la fraîcheur des premières fiançailles : "Voici, je vais te conduire au désert...".
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