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LOUIS-MARIE, ENFANT

Bertrand Lemaire

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Louis Marie Enfant

Louis Grignion, où avez-vous vu le jour? Conservez-vous quelques souvenirs de votre jeunesse?

Je suis un vrai breton doté d’un caractère dur comme le granit. Aîné d’une famille très nombreuse, nous étions huit garçons et dix filles. Dix-huit enfants tous du même père et de la même mère, sauf le dernier qui fut adopté, c’est vous dire la générosité de mes parents. J’ai vu le jour à côté de Rennes, à Montfort la Cane que vous appelez aujourd’hui Montfort sur Meu. Mon père était avocat, mais peu d’argent entrait à la maison et nous vivions fort simplement. Louis XIV s’installait à Versailles, mais ne croyez pas que tout le pays roulait sur l’or.

Parlez-nous de vos frères et sœurs ?

Quatre garçons sont morts en bas âge, c’était assez courant à l’époque ! Trois sont devenus prêtres et un seul s’est marié ; c’est ainsi qu’à pu se poursuivre la lignée des Grignion. Quant aux filles, deux furent religieuses, une autre voulait suivre la même voie mais elle fut malade et considéra cet état comme une vocation, la dernière fut tertiaire de saint François. Si vous y ajoutez trois de mes oncles dans les ordres, nous n’étions pas en reste vis à vis de l’église !

Le fils aîné que vous étiez n’était-il pas un peu le chouchou de la famille ?

Détrompez-vous, peu de temps après mon baptême je fus confié à une nourrice, « mère André ». En plus de son lait elle me donna de bonnes habitudes, c’était une chrétienne fervente qui m’apprit à prier.

Etes-vous resté à Montfort lorsque mère André eut accompli sa tâche ?

Entre temps la famille s’était agrandie et nous avons déménagé pour aller à Iffendic, petit village à une quinzaine de kilomètres de Montfort la Cane. Nous habitions au Bois Marquer, sorte de gentilhommière perdue dans la campagne. Je suis donc un enfant de la pleine nature, marchant beaucoup pour aller à la paroisse et à l’école, vivant dans le froid, au milieu de la nature et des animaux, ce qui me marquera pour toute la vie. A la maison, mon père était très autoritaire et on tremblait un peu devant lui, ma mère avait une grande patience et cherchait toujours à arranger les choses. Quand il y avait de « l’électricité dans l’air » j’allais souvent prier à l’église, même tout seul. Chaque dimanche tous les sermons de monsieur le Curé me restaient en mémoire. Le soir de ma confirmation, j’ai décidé de modifier mon nom en ajoutant Marie à celui de Louis que m’avaient donné mes parents. Je ne me suis pas contenté de devenir Louis Marie Grignion ! J’y ai ajouté le nom du village de Montfort où j’avais été baptisé. De Louis Grignion je suis donc devenu Louis Marie Grignion de Montfort. Vous savez que le roi saint Louis, mon patron, s’était également fait appeler Louis de Poissy, lieu de son baptême.

Votre piété enfantine devait attirer les regards et les commentaires ?

Dans le jardin qui était assez grand, j’attirais beaucoup d’amis ainsi que mes frères et sœurs, je leur faisais des sermons très exigeants, je leur expliquais le catéchisme et nous construisions des petits oratoires.

Comment se sont passées vos études ?

A douze ans mes parents m’ont confié à un de mes oncles prêtre à Rennes, je suis allé au collège des Jésuites dont les études étaient gratuites. J’étais ainsi protégé de tous les excès d’une jeunesse un peu débauchée par l’air du temps. Ayant quelques facilités, mon travail se déroulait correctement. (Extraits du livre « En haute mer »)


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