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BIENVENUE A FRÈRE MATHURIN !

Bertrand Lemaire

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BIENVENUE A FRÈRE MATHURIN

Pouviez-vous être secondé dans votre tâche de missionnaire ?

Parlons en effet de mon premier collaborateur. Je me rendais souvent à la chapelle des Pénitents à Poitiers où les gens qui voulaient me rencontrer, venaient me voir. J’y exerçais une sorte de mission permanente. Un beau jour, je repère un jeune garçon de 18 ans environ. Il avait l’allure et l’habillement d’un paysan, j’apprendrai plus tard qu’il appartenait à une famille de viticulteurs de Bouillé Loret en Anjou. Il s’appelait Mathurin et avait été frappé par le sermon d’un frère franciscain venu prêcher dans sa paroisse. Il sentit très clairement l’appel du Seigneur à lui consacrer sa vie et il venait de quitter sa famille pour devenir disciple de saint François. Après avoir erré dans la ville, il entre dans la première église sur son chemin pour y prier, c’était justement la chapelle des pénitents où je confessais à ce moment-là. J’ai pu remarquer la ferveur de ce garçon récitant son chapelet, je vais vers lui et l’interroge. Comme illuminé par une pensée qui s’imposait à moi, je lui dis : « Ce n’est pas par hasard que vous êtes entré ici, mais la Providence vous y a conduit. Suivez-moi dans mes missions ! C’est là votre vocation. »

En pensant aux franciscains, c’est un peu une manœuvre de débauchage ?

Je ne sais ! En tous cas ce jeune homme acquiesça avec grande joie et à partir de ce jour, frère Mathurin entre dans l’intimité de mon service de missionnaire et il ne me quittera plus jusqu’à ma mort. En me suivant, il accepte le plus exigeant et réaliste des noviciats. Il va participer aux activités apostoliques sans échapper aux humiliations multiples. Il faisait preuve d’un grand zèle pour les âmes et d’un amour immense pour la sainte Vierge. Il me suivait partout, au cours des longues marches sur les routes, dans les auberges, les hôpitaux, les presbytères, les églises, acceptant un total abandon à la Providence. Pendant les missions, c’était le grand organisateur pour les mouvements de foules, les processions, la récitation du chapelet, la distribution des images. Il enseignait aussi le catéchisme et faisait même l’école aux enfants. Frère Mathurin sera le premier de la longue lignée de tous ceux qui constitueront plus tard la communauté du saint Esprit.

Quelles furent les suites de votre mission à Montbernage ?

J’assume aussi bien la fonction d’architecte, d’entrepreneur, de maçon ou de charpentier pour restaurer différentes chapelles et oratoires. Mon chantier principal fut l’antique temple saint Jean d’une grande valeur archéologique, il tombait en ruines et j’ai fait en sorte qu’il soit rendu au culte. Ce qui m’intéressait encore davantage, c’était la restauration des âmes : chaque jour je prêchais, catéchisais, confessais, et je donnais à chacun le temps qu’il désirait pour être écouté. Vous pouvez imaginer également la cohorte de pauvres qui me suivait partout où je mettais les pieds ! Avec les aumônes recueillies dans la rue, je parvenais à les nourrir au moins pour le minimum. Je me suis également rapproché des officiers de justice pour qu’ils organisent un tribunal de paix dans plusieurs paroisses. C’est ainsi qu’ont été réglés bien des différents entre familles, ces querelles et chicanes empêchaient toujours les âmes de s’ouvrir à la parole de Dieu. (Extraits du livre « En haute mer »)


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