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PÈLERINAGE AU MONT SAINT MICHEL

Bertrand Lemaire

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Pelerinage Au Mont Saint Michel

Depuis six ans les expulsions renouvelées ne vous offrent que la route comme paroisse ! Comment conjurer ce mauvais sort ?

J’ai vraiment pris conscience de la force du démon, il se met continuellement au travers de mes démarches apostoliques ! Mais aujourd’hui je dispose enfin d’un véritable mandat du Pape Clément XI : « missionnaire apostolique » ! Vous savez comme moi que l’archange Saint Michel intervient efficacement pour neutraliser le démon lorsqu’il se déchaîne contre nous. La France possède un sanctuaire éminent où il est particulièrement vénéré. C’est le mont saint Michel aux confins de la Normandie et de la Bretagne. Ce n’est d’ailleurs pas très éloigné de Montfort la Cane, mon lieu de naissance à proximité de Rennes. Je décide d’aller lui confier mon apostolat à venir, car humainement je ne vois plus de solutions.

Repartez-vous tout seul ?

Frère Mathurin s’était un peu reposé pendant mon voyage à Rome, nous partons donc ensemble et comme souvent nous rejoignons un pauvre hère qui s’est lié à nous le temps d’une journée de marche. Il était chargé de tout son déménagement qui tenait dans une lourde besace, je lui propose de la lui porter, mais ne me connaissant pas, il hésite et se laisse enfin convaincre. Le soir venu, nous faisons un stop dans une auberge dont la tenancière ne souhaitait visiblement pas ouvrir ses portes à ce clochard. Quant à moi, j’avais été touché par cet homme tout simple qui avait spontanément répondu toute la journée aux « ave maria » de mon chapelet, il n’était pas question de le laisser à la porte. Je demande donc à l’aubergiste un bon lit assurant que je prendrai en charge toute la somme nécessaire pour sa pension. Il a donc été accueilli les bras ouverts.

Arriviez-vous au mont saint Michel pour une fête particulière ?

Nous y sommes parvenus à la mi-septembre juste avant les festivités du 29, fête de la saint Michel. La veille, le 28, les pèlerins arrivaient de partout, découvrant de loin le mont comme posé sur la grève. Le couvent situé au sommet domine de 140 mètres le niveau de la mer. Il y avait les grandes marées de l’équinoxe dont les vagues venaient se briser sur les rochers. Depuis mon temps de séminaire à saint Sulpice je rêvais de venir participer aux offices sous les voûtes solennelles de la chapelle. Je me joignais également à ces mémorables processions qu’effectuaient les moines en barques autour des remparts.

Par quels sentiments étiez-vous habité au cours de ces festivités ?

Je comparais les assauts de cette mer déchaînée contre les rochers du mont saint Michel, à cette lutte sans merci du démon contre Dieu. Chaque vague de Satan vient se briser dans des gerbes spectaculaires et retombent aussitôt en écume sans laisser la moindre trace. Le malin n’aura jamais la victoire, tout au plus peut-il nous impressionner dans notre marche en avant, il nous est simplement demandé de n’avoir jamais peur.

Le soir nous avions trouvé une cabane de pécheurs pour nous abriter pendant la nuit. En moi se renforçait le désir de mener les plus durs combats contre le diable sous la protection de saint Michel. Le matin je me levais très tôt pour faire taire les gens avinés qui se querellaient et blasphémaient. Pendant la journée j’offrais mes mortifications pour la conversion de ces misérables. Plus tard un prêtre m’a demandé comment mes missions obtenaient tant de conversions. Je lui ai répondu : « J’ai fait plus de 2000 lieues en pèlerinages pour demander à Dieu la grâce de toucher les cœurs et il m’a exaucé ». (Extraits du livre « En haute mer »)


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