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UN BRIN D’HUMOUR CHEZ LES RELIGIEUSES

Bertrand Lemaire

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Un Brin D Humour

Humour et mission ! Une cohabitation possible ?

Voici une petite anecdote qui s’est passée à Saint Brieuc!

Des filles d’une communauté séculière m’avaient demandé de leur prêcher une retraite. Pour mettre à l’épreuve leur capacité à accueillir les pauvres, j’expédie alors Frère Mathurin en éclaireur pour leur demander un morceau de pain pour lui-même et pour un pauvre prêtre qui passait par là. Prétextant leur propre pauvreté, la sœur responsable de la porterie lui ferme gentiment la porte au nez. Fort déçu d’un tel état d’esprit je me rends moi-même tirer la sonnette et les mêmes causes produisent les mêmes effets. Je m’enhardis en lui disant : « Ma sœur, je ne vous demande qu’un morceau de pain, aussi petit qu’il vous plaira, je m’en contenterai. Je vous le demande au nom de Dieu, pouvez-vous me le refuser ? » La porte se referme définitivement.

La mise à l’épreuve est rude …

Nous en étions là au moment où arrive à la porte le prêtre qui m’avait mis en relation avec les sœurs et il interpelle vivement la portière : « Hé quoi ma sœur ! Pourquoi laissez-vous là dehors monsieur de Montfort ? Pourquoi ne lui ouvrez-vous pas la porte pour le faire entrer ? Il vient spécialement pour vous prêcher votre retraite spirituelle à domicile » ! C’est alors que la sœur reprend avec énergie : « Vous vous trompez, c’est un prêtre qui demande l’aumône » ! « Non, lui est-il répondu, je ne me trompe pas c’est bien monsieur de Montfort ».

Vous avez l’art de mettre les gens dans le pétrin …

Jamais je n’eus un repas aussi succulent et une chambre aussi confortable pour tenter d’atténuer la gaffe de la sœur portière …

Arrive bien entendu le premier entretien de la première journée de retraite devant toute la communauté rassemblée. Je leur raconte dans le détail tout ce qui est arrivé et d’un ton assez ferme je leur ai dit : «Vous n’avez point de charité mes chères sœurs ! Vous refusez un morceau de pain qu’on vous demande au nom de Jésus-Christ, le Saint des Saints et vous donnez un grand repas qu’on ne vous demande pas à un pauvre pécheur. Ce faisant vous manquez de foi et de charité tout ensemble».

N’avez pas récidivé cette mise à l’épreuve avec votre nourrice un certain soir ?

Oui c’était à proximité de l’endroit où je suis né. J’envoie encore en incognito frère Mathurin frapper chez ma vieille nourrice, pour lui demander un morceau de pain pour l’amour de Jésus Christ, elle n’était pas là mais son gendre lui ferme la porte au nez. Même scénario chez un autre voisin ! Non loin de là, un pauvre parmi les pauvres nous reçoit et partage sa chambre et son maigre repas avec nous. Le lendemain vous imaginez que ma présence dans le coin avait alimenté la rumeur et je vois arriver les voisins et ma chère nourrice qui se prosterne en me demandant pardon. Je la relève en lui disant : «Mère Andrée, Mère Andrée, Si hier soir je vous avais demandé le couvert au nom du prêtre Grignion de Montfort vous le lui auriez accordé. Je vous l’ai demandé au nom de Jésus-Christ, votre Dieu et le mien, et vous me l’avez refusé. C’est une grande faute que vous avez commise, non pas contre moi, mais contre Jésus-Christ ». (Extraits du livre « En haute mer »)


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