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SAUVETAGE À NANTES SOUS LES EAUX

Bertrand Lemaire

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SAUVETAGE À NANTES SOUS LES EAUX

La région de Nantes étant votre territoire de mission, vous avez vécu un des hivers les plus rigoureux en 1709 et un hiver diluvien en 1710. Vous avez été le « SAMU » de l’époque.

Un matin de janvier une crue soudaine a surpris tout un quartier de Nantes situé au bord de la Loire. On ne voyait plus les toits des maisons au-dessus du cours tumultueux des eaux.

Les pauvres gens s’étaient réfugiés dans leurs greniers avec ce qu’ils avaient pu sauver d’essentiel, mais ils y demeuraient sans vivres et appelaient à l’aide. Une foule massée sur les quais contemplait impuissante cette situation désespérée. Je questionne alors les passeurs à côté de leurs barques amarrées, mais ils refusent tous d’intervenir : impossible de s’aventurer sur des flots en furie. Je leur crie alors : « Mettez en Dieu votre confiance, Je vous affirme que vous ne mourrez pas, j’irai avec vous ».

Un matelot qui venait de faire un transport de Donges à Nantes se laisse gagner par ma demande. A ceux qui regardaient, je demande de remplir la barque de vivres. Nous voilà partis, louvoyant dans les courants et contournant les passages périlleux. On réussit à gagner les maisons le long desquelles on accoste à la hauteur des toits. Par les lucarnes qui s’ouvrent on distribue les vivres et je lance aux familles des paroles de confiance et de courage.

Tout ce qui émerge encore a été visité et l’on vire de bord avec le souci de devoir ramer à contre-courant pour regagner les quais.

J’ai tenu à bénir tout particulièrement le premier bateau qui avait accepté de porter aide aux familles inondées. J’ai même promis au matelot qu’il n’aurait à l’avenir jamais le moindre accident. De fait ce bateau a, pendant plus d’un siècle, assuré le passage des voyageurs entre Donges et Paimboeuf sur un bras de mer de plus de 12 kilomètres sans le moindre incident. (Extraits du livre « En haute mer »)


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