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FACE AUX HÉRÉTIQUES

Bertrand Lemaire

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FACE AUX HÉRÉTIQUES

A la Rochelle vous avez mis en ébullition tout le milieu calviniste particulièrement présent et actif dans cette ville. N’étiez-vous pas devenu un homme à détruire, même physiquement ?

Il est vrai que mon passage à La Rochelle a provoqué une effervescence considérable : conversions, réconciliations, abjurations de calvinistes, etc… Ce qui a mis le feu aux poudres a été la conversion d’une personne particulièrement influente dans le milieu calviniste, madame de Mailly. Inquiète au sujet de sa foi elle a cherché à me rencontrer, je lui ai conseillé de beaucoup prier la sainte Vierge et de réciter son rosaire. Une fois convertie, elle désira faire profession publique de son catholicisme, Les protestants usèrent de tous les moyens pour ruiner ma réputation : insultes, calomnies, railleries, menaces ! J’étais traité de baladin, d’extravagant, d’aventurier, d’hypocrite, de fanatique. Devant ces persécutions mon maître-mot était : « Pardonnez Seigneur à ceux qui me persécutent et ne leur imputez pas ce qu’ils font contre moi, convertissez-les plutôt et punissez moi à leur place ».

Un personnage des plus importants avait grandement contribué à démolir ma réputation, venu m’entendre pour mieux me critiquer, il tomba en larmes et vint me demander pardon devenant par la suite mon plus ardent défenseur.

Un autre tombé gravement malade eut des remords et avoua devant toute sa famille ses calomnies à mon égard et voulut même en faire un acte public, passé devant notaire.

D’autre hélas s’endurcirent dans la vengeance et parvinrent à mêler du poison au bouillon qui avait été préparé pour le prédicateur après le sermon. Après l’avoir absorbé je commençais à en ressentir les effets. Bien qu’ayant pris remèdes sur remèdes pour neutraliser ce poison, j’en ai subi les effets jusqu’à la fin de mes jours.

Quelles furent les conclusions de toutes ces missions données à La Rochelle ?

Une grandiose procession fut organisée dans toute la ville au terme de laquelle une croix en pierre a été plantée à la porte Dauphine et une en bois à la porte saint Nicolas.

Sous un soleil de gloire, une foule énorme venue de la ville et des environs fit ce jour-là un véritable triomphe à la Croix. Avant de nous séparer, une rumeur jaillit de la foule pendant une demi-heure : «Miracle, miracle … nous voyons des croix en l’air ». Une centaine de personnes l’ont attesté à mon confrère monsieur des Bastières. (Extraits du livre « En haute mer »)


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