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RETOUR À LA ROCHELLE

Bertrand Lemaire

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Retour A La Rochelle

Après cinq mois de missions en Vendée, vous êtes à nouveau sollicité pour revenir à La Rochelle, parlez-nous de mademoiselle Bénigne Pagé ?

Elle était la fille du Trésorier de France, homme honnête et de bonne éducation. Cette jeune personne était fortement marquée par l’esprit de vanité et de suffisance des milieux mondains où elle évoluait et jouait à la « belle fille ». Un jour elle vint à la chapelle de l’hôpital dans une toilette aguichante. Elle avait parié, dans un salon, qu’elle pousserait le prédicateur à vitupérer contre les modes et même l’apostropher publiquement, ce dont elle se réjouissait d’en rire par la suite. Un banc d’admirateurs était là derrière elle pour se régaler du spectacle.

Un véritable piège pour le prédicateur ?

J’ai commencé à me prosterner devant le Sauveur en croix, puis j’ai prêché avec sincérité, laissant parler mon cœur et ma foi. En m’écoutant, mademoiselle Pagé sentit son personnage mondain se défaire et disparaître comme un grimage. Lorsque je me suis tu, elle n’était, dans ses atours menteurs, qu’une pauvrette en face de sa destinée.

La cérémonie achevée, une force mystérieuse la retient à sa place. Au lieu de rejoindre les siens qui l’attendaient dans la rue, elle prolonge sa prière puis demande à me rejoindre. Elle sent que Dieu a mis la main sur son âme et que toutes ses illusions tombent comme pétales de roses. En femme de caractère, elle prend séance tenante la décision d’abandonner le monde dont elle est prisonnière. Sitôt rentrée chez elle, elle passe la nuit à mettre en ordre ses affaires et le lendemain elle disparaît pour toujours derrière la clôture des moniales de saint Claire.

Comment réagit sa famille ?

Dans la famille Pagé et dans la société rochelaise, cette nouvelle éclate comme une bombe. Tout ce que la colère peut inspirer se donne libre cours contre moi et contre mademoiselle Pagé. On va jusqu’à menacer de mettre le feu au monastère.

La victoire devait rester à Dieu et Mademoiselle Pagé devint sœur Louise. (Extraits du livre « En haute mer »)


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