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A LA RECHERCHE DE FUTURS MISSIONNAIRES

Bertrand Lemaire

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A La Recherche De Futurs Missionnaires

Depuis le jour de votre ordination, vous suppliez le ciel de mettre sur votre chemin quelques prêtres au cœur de feu, partageant votre désir missionnaire : convertir « les infidèles ».

Au terme de ma vie, j’ai l’impression que le Seigneur n’a pas entendu ce désir brûlant qui ne m’a jamais quitté ! J’ai pourtant rencontré, au cours de mes missions, bien des prêtres susceptibles de se joindre à moi pour constituer l’embryon d’une société missionnaire. Pas un seul n’a accepté ce défi, probablement à cause de mon originalité et de mes exigences…

En 1714, malgré une santé défaillante, je décide de rejoindre Paris à pieds, afin de rencontrer le responsable du séminaire du Saint Esprit qui accueillait de « pauvres écoliers », il venait de prendre la suite de mon ami Poullart des Places, connu au séminaire de Saint Sulpice et mort assez rapidement en 1706.

J’arrive à Paris exténué, mais je suis bien reçu et je rencontre tous les jeunes séminaristes pendant plusieurs semaines. Je les fréquente beaucoup pendant les récréations, entourant particulièrement les plus chétifs, voulant marquer par-là mon souci d’aider ceux qui sont un peu à la traîne. Je leur demande surtout d’imiter le dépouillement du « Prince des apôtres ». « Tout vous sera possible parce que Jésus Christ sera avec vous. Si vous ne faites pas de miracles dans l’ordre de la nature, c’est qu’ils ne seront pas nécessaires ; mais les cœurs seront entre vos mains et vous y opérerez des prodiges ».

Je leur parlais de Marie et des merveilles de grâces que l’on obtient par son intercession : « Jamais un pêcheur ne m’a résisté quand je lui ai mis la main au collet avec mon rosaire »

Je me suis principalement tourné vers le ciel en lançant une véhémente prière embrasée pour obtenir des missionnaires au cœur de feu pour les « derniers temps ».

Un jour, au cours d’une récréation, je mets mon chapeau sur la tête d’un nommé Levallois : « Celui-ci est bon pour moi, il m’appartient et je l’aurai ». Le jeune homme comprit le message mais ce n’est que sept ans plus tard qu’il rejoindra le premier groupe de mes successeurs.

Pour ma part, je me contentais de renouveler cette prière à Jésus-Christ : « Souvenez-vous de donner à votre Mère une nouvelle Compagnie pour renouveler, par Elle, toutes choses ».

Mais, en-dehors de ces moments d’amitié au séminaire du Saint Esprit, je ne trouve à Paris que suspicions, railleries et rejet. Plus que jamais la croix pèse sur mes épaules de tout son poids et personne n’ose me soutenir et me promettre une aide, la plus modeste soit-elle.

Au bout de deux mois, je prends la route du retour vers l’ouest en repassant par Poitiers pour revoir Marie Louise Trichet qui m’attend fidèlement depuis huit ans à l’hôpital de Poitiers, toujours au service des plus pauvres.

Dès que ma présence est signalée dans cette ville, l’évêque est mis au courant, une fois de plus, il me donne vingt-quatre heures pour « déguerpir ». Je pars le soir même, prenant le temps cependant de revoir Marie Louise qui est confirmée dans sa vocation avec son amie Catherine Brunet. Ces épreuves à répétition vont donner naissance à la Congrégation des « Filles de la Sagesse ». (Extraits du livre « En haute mer »)


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