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Troisième reproche

Bertrand Lemaire

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Troisième reproche

Je lui dis encore qu’on l’accusait de tout faire à sa tête ! Qu’il était préférable de faire moins de bien et le faire avec dépendance, de consulter les supérieurs et de ne rien entreprendre sans leurs ordres ou sans leur permission.

Troisième réponse
Il convint de la maxime, en ajoutant qu’il croyait la suivre en tout ce qu’il pouvait et qu’il serait bien fâché de faire rien à sa tête. Il y a cependant des occasions et des rencontres imprévues et subites où il n’était pas possible de prendre les avis ou les ordres des supérieurs, qu’il suffisait dans ces cas-là, de réaliser ce qu’on pense devoir leur plaire et mériter leur approbation, étant toujours disposé à leur obéir au moindre signe de leur volonté. Il arrive aussi que des œuvres, commencées avec le consentement des supérieurs ne disposaient plus par la suite de leur agrément, soit parce qu’ils étaient informés par des gens mal intentionnés et indisposés par de faux rapports, soit qu’ils écoutaient les bruits du monde et le jugement de ses sages qui ne sont presque jamais favorables aux œuvres saintes. Alors il n’y avait point d’autre parti que de se soumettre aux ordres de la Providence et de recevoir de bon cœur les croix et les persécutions, comme la couronne et la récompense de ses bonnes intentions.

Enfin il était persuadé que l’obéissance était la marque certaine de la volonté de Dieu, qu’il ne fallait jamais s’en écarter. Quant à sa conscience, elle ne lui faisait point de reproches à ce sujet, il était en tout temps et en toute rencontre dans la disposition d’obéir et de ne rien faire qu’avec l’agrément de ses supérieurs, ne pouvant cependant pas empêcher les faux rapports, les médisances, les calomnies, les traits d’envie et de jalousie que l’homme ennemi savait bien faire passer jusqu’à eux, pour les indisposer à son égard et mettre en leur esprit la suspicion envers sa personne et ses service.

Conclusion.
Je lui fis plusieurs autres objections que je croyais sans réplique, mais il y satisfit avec des paroles si justes, si concises et si animées de l’esprit de Dieu, que je demeurais étonné qu’il me « ferma la bouche » sur tout ce que je croyais devoir la « lui fermer ». (Extraits du livre « En haute mer »)


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