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Une catéchèse kérygmatique et mystagogique

Bertrand Lemaire

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A lire du §162 au §165 inclus: Evangelii Gaudium "La Joie de l'Evangile"- Exhortation apostolique du Pape François

Pape Francois Catechistes

La voie exigeante, qui nous conduit à aimer notre prochain comme nous-mêmes, trouve son origine dans le don du baptême qui fait de nous des enfants adoptifs du Père. Ainsi l’Esprit Saint nous donne la grâce de nous laisser transformer dans le Christ et ainsi d’aimer notre prochain comme nous-mêmes.

D’autre part, ce chemin de réponse et de croissance est toujours précédé du don, parce que cette autre demande du Seigneur le précède : "les baptisant au nom…" (Mt 28,19). L’adoption en tant que fils que le Père offre gratuitement et l’initiative du don de sa grâce (cf. Ep 2, 8-9 ; 1 Co 4, 7) sont la condition de la possibilité de cette sanctification permanente qui plaît à Dieu et lui rend gloire. Il s’agit de se laisser transformer dans le Christ par une vie progressive "selon l’Esprit" (Rm 8, 5).

- Définition du mot kérygmatique : adjectif qui concerne l'étude du message évangélique.
- Définition du mot mystagogique : initiation aux mystères de la foi.
Ce passage assez long commence par une précision du Saint-Père dans laquelle il rappelle l’existence des documents de base du Saint Siège et de l’Episcopat. Il les considère comme acquis.

L’éducation et la catéchèse sont au service de cette croissance. Nous avons déjà à notre disposition différents textes magistériels et matériaux sur la catéchèse offerts par le Saint-Siège et par les différents Épiscopats. Je rappelle l’Exhortation apostolique Catechesi tradendae (1979), le Directoire général pour la catéchèse (1997) et d’autres documents dont il n’est pas nécessaire de répéter ici le contenu actuel. Je voudrais m’arrêter seulement sur certaines considérations qu’il me semble opportun de souligner.

Tout catéchiste doit fonder son enseignement sur cette vérité première : "Jésus t’aime il a donné sa vie pour te sauver".

Nous avons redécouvert que, dans la catéchèse aussi, la première annonce ou “kérygme” a un rôle fondamental, qui doit être au centre de l’activité évangélisatrice et de tout objectif de renouveau ecclésial. Le kérygme est trinitaire. C’est le feu de l’Esprit qui se donne sous forme de langues et nous fait croire en Jésus Christ, qui par sa mort et sa résurrection nous révèle et nous communique l’infinie miséricorde du Père. Sur la bouche du catéchiste revient toujours la première annonce : “Jésus Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour pour t’éclairer, pour te fortifier, pour te libérer”. Quand nous disons que cette annonce est “la première”, cela ne veut pas dire qu’elle se trouve au début et qu’après elle est oubliée ou remplacée par d’autres contenus qui la dépassent. Elle est première au sens qualitatif, parce qu’elle est l’annonce principale, celle que l’on doit toujours écouter de nouveau de différentes façons et que l’on doit toujours annoncer de nouveau durant la catéchèse sous une forme ou une autre, à toutes ses étapes et ses moments.
Pour cela aussi "le prêtre, comme l’Église, doit prendre de plus en plus conscience du besoin permanent qu’il a d’être évangélisé".

Le Pape conclu le long paragraphe suivant en rappelant au catéchiste la règle du jeu qu’il doit adopter : proximité, ouverture au dialogue, patience, accueil cordial qui ne condamne pas.

On ne doit pas penser que dans la catéchèse le kérygme soit abandonné en faveur d’une formation qui prétendrait être plus “solide”. Il n’y a rien de plus solide, de plus profond, de plus sûr, de plus consistant et de plus sage que cette annonce. Toute la formation chrétienne est avant tout l’approfondissement du kérygme qui se fait chair toujours plus et toujours mieux, qui n’omet jamais d’éclairer l’engagement catéchétique, et qui permet de comprendre convenablement la signification de n’importe quel thème que l’on développe dans la catéchèse. C’est l’annonce qui correspond à la soif d’infini présente dans chaque cœur humain. La centralité du kérygme demande certaines caractéristiques de l’annonce qui aujourd’hui sont nécessaires en tout lieu : qu’elle exprime l’amour salvifique de Dieu préalable à l’obligation morale et religieuse, qu’elle n’impose pas la vérité et qu’elle fasse appel à la liberté, qu’elle possède certaines notes de joie, d’encouragement, de vitalité, et une harmonieuse synthèse qui ne réduise pas la prédication à quelques doctrines parfois plus philosophiques qu’évangéliques.
Cela exige de l’évangélisateur des dispositions qui aident à mieux accueillir l’annonce : proximité, ouverture au dialogue, patience, accueil cordial qui ne condamne pas.

François veut donner un "coup de jeune" au message délivré par les catéchistes. Toute formation qui prétendrait "être plus solide" ne doit pas être la préoccupation première. L’expression claire et franche du kérygme rejoint la soif d’infini présente dans chaque cœur humain.

Et Lo Tedhal dans tout cela ?

"Ce qui montrera aux hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres."
C’est vrai que nous avons tendance à oublier ce que signifie : être tes disciples. Le baptême a fait de nous les membres de ton Corps. Il nous a fait entrer dans l’unique peuple de Dieu qu’est ton Église. Ainsi, nous ne nous appartenons plus à nous-mêmes mais à toi. Nous sommes appelés à nous soumettre les uns aux autres, à servir nos frères, à être obéissants et dociles envers les chefs désignés de ton Église (cf. Catéchisme de l’Église Catholique, nos 1267-1269). Or, si nous sommes vraiment fidèles à notre condition de disciples, si nous vivons de ta vie et de ton Esprit, nous sommes alors capables d’aimer comme toi, car c’est toi qui aimes en nous. Et nous pouvons dire avec saint Paul : "Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi" (Ga 2, 20).
Donc, puisqu’il nous est possible d’aimer comme toi, nous devons examiner notre conscience : sommes-nous conscients de la responsabilité que nous avons à l’égard de nos frères, croyants ou non? Quelle image donnons-nous du disciple du Christ ? Notre attitude dans la vie de chaque jour peut-elle donner envie de mieux te connaître ou au contraire fait-elle fuir ceux qui nous observent ? (Extraits de l'Evangile en prières)


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