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L’enseignement de l’Eglise sur les questions sociales

Écrit par Bertrand Lemaire Jeudi, 25 Décembre 2014 00:00

Bertrand Lemaire

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A lire du §183 au §187 inclus: Evangelii Gaudium "La Joie de l'Evangile"- Exhortation apostolique du Pape François

Pape Franois Et St Vincent De Paul

François cherche à nous décomplexer lorsque nous hésitons à nous engager : "la terre est notre maison commune et nous sommes tous frères", nous avons notre mot à dire dans la construction d’un monde meilleur et dans la lutte pour la justice.

En conséquence, personne ne peut exiger de nous que nous reléguions la religion dans la secrète intimité des personnes, sans aucune influence sur la vie sociale et nationale, sans se préoccuper de la santé des institutions de la société civile, sans s’exprimer sur les événements qui intéressent les citoyens. Qui oserait enfermer dans un temple et faire taire le message de saint François d’Assise et de la bienheureuse Teresa de Calcutta ? Ils ne pourraient l’accepter. Une foi authentique – qui n’est jamais confortable et individualiste – implique toujours un profond désir de changer le monde, de transmettre des valeurs, de laisser quelque chose de meilleur après notre passage sur la terre. Nous aimons cette magnifique planète où Dieu nous a placés, et nous aimons l’humanité qui l’habite, avec tous ses drames et ses lassitudes, avec ses aspirations et ses espérances, avec ses valeurs et ses fragilités.
La terre est notre maison commune et nous sommes tous frères. Bien que "l’ordre juste de la société et de l’État soit un devoir essentiel du politique", l’Église "ne peut ni ne doit rester à l’écart dans la lutte pour la justice". Tous les chrétiens, et aussi les pasteurs, sont appelés à se préoccuper de la construction d’un monde meilleur.
Il s’agit de cela, parce que la pensée sociale de l’Église est en premier lieu positive et fait des propositions, oriente une action transformatrice, et en ce sens, ne cesse d’être un signe d’espérance qui jaillit du cœur plein d’amour de Jésus Christ.
En même temps, elle unit "ses efforts à ceux que réalisent dans le domaine social les autres Églises et Communautés ecclésiales, tant au niveau de la réflexion doctrinale qu’au niveau pratique".

Dans le paragraphe suivant le Pape souligne deux points importants :
1) La recommandation pressante d’étudier le "Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise".
2) L’Eglise ne possède pas un monopole pour proposer des solutions au monde contemporain.

Ce n’est pas le moment ici de développer toutes les graves questions sociales qui marquent le monde actuel, dont j’ai commenté certaines dans le chapitre deux. Ceci n’est pas un document social, et pour réfléchir sur ces thématiques différentes nous disposons d’un instrument très adapté dans le Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, dont je recommande vivement l’utilisation et l’étude. En outre, ni le Pape, ni l’Église ne possèdent le monopole de l’interprétation de la réalité sociale ou de la proposition de solutions aux problèmes contemporains. Je peux répéter ici ce que Paul VI indiquait avec lucidité : "Face à des situations aussi variées, il nous est difficile de prononcer une parole unique, comme de proposer une solution qui ait une valeur universelle. Telle n’est pas notre ambition, ni même notre mission. Il revient aux communautés chrétiennes d’analyser avec objectivité la situation propre de leur pays".

L’intégration sociale des pauvres, la paix et le dialogue social conditionnent l’avenir de l’humanité.

Dans la suite, je chercherai à me concentrer sur deux grandes questions qui me semblent fondamentales en ce moment de l’histoire. Je les développerai avec une certaine ampleur parce que je considère qu’elles détermineront l’avenir de l’humanité. Il s’agit, en premier lieu, de l’intégration sociale des pauvres et, en outre, de la paix et du dialogue social.
De notre foi au Christ qui s’est fait pauvre, et toujours proche des pauvres et des exclus, découle la préoccupation pour le développement intégral des plus abandonnés de la société.

Le souci des pauvres n’est pas une obsession du Pape François, mais une constante qui se manifeste tout au long de l’Ancien et du Nouveau Testament.

Chaque chrétien et chaque communauté sont appelés à être instruments de Dieu pour la libération et la promotion des pauvres, de manière à ce qu’ils puissent s’intégrer pleinement dans la société ; ceci suppose que nous soyons dociles et attentifs à écouter le cri du pauvre et à le secourir.
Il suffit de recourir aux Écritures pour découvrir comment le Père qui est bon veut écouter le cri des pauvres : "J’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte. J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs ; oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer […] Maintenant va, je t’envoie…" (Ex 3, 7-8.10), et a souci de leurs nécessités : "Alors les Israélites crièrent vers le Seigneur et le Seigneur leur suscita un sauveur" (Jg 3, 15) Faire la sourde oreille à ce cri, alors que nous sommes les instruments de Dieu pour écouter le pauvre, nous met en dehors de la volonté du Père et de son projet, parce que ce pauvre "en appellerait au Seigneur contre toi, et tu serais chargé d’un péché" (Dt 15, 9). Et le manque de solidarité envers ses nécessités affecte directement notre relation avec Dieu : "Si quelqu’un te maudit dans sa détresse, son Créateur exaucera son imprécation" (Si 4, 6). L’ancienne question revient toujours : "Si quelqu’un, jouissant des biens de ce monde, voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ?" (1 Jn 3, 17). Souvenons-nous aussi comment, avec une grande radicalité, l’Apôtre Jacques reprenait l’image du cri des opprimés : "Le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont fauché vos champs, crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues aux oreilles du Seigneur des Armées" (5, 4).

L’état du monde nous met en présence d’une fabrique effrénée de la pauvreté, quelque soit le continent envisagé !
Tout disciple de l’Evangile ne peut rester indifférent, nous rappelle la voie prophétique du Pape François.

Et Lo Tedhal dans tout cela ?

Seigneur ! Les missionnaires, les prêtres, les laïcs qui, fidèles à ton agir, prennent la défense des exclus, des "pauvres gueux", des "pas comme il faut", c’est-à-dire de tous les "petits de l’Évangile", dérangent souvent la conscience de ceux qui sont installés dans leur bien-être matériel ou spirituel. Sur le chemin de contradictions qu’ils empruntent à ta suite, ils reçoivent parfois des louanges, mais ils rencontrent plus sûrement la jalousie et la calomnie. Mais toi "passant au milieu d’eux" qui, déjà, voulaient ta mort, tu poursuis ton chemin, car ton "heure" n’est pas encore venue. Tu m’apprends, Seigneur, la vraie liberté source de sérénité, celle qui naît de la certitude de faire la volonté de ton Père. (Extraits de l’Evangile en prières)


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