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L’intégration sociale des pauvres

Écrit par Bertrand Lemaire Jeudi, 01 Janvier 2015 00:00

Bertrand Lemaire

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A lire du §188 au §191 inclus: Evangelii Gaudium "La Joie de l'Evangile"- Exhortation apostolique du Pape François

L’intégration sociale des pauvres

"Donnez-leur vous-mêmes à manger" dit Jésus à ses disciples, cela s’adresse aussi bien aux responsables pour adapter les causes structurelles, qu’à chacun d’entre nous pour accomplir des gestes simples quotidiens.

L’Église a reconnu que l’exigence d’écouter ce cri vient de l’œuvre libératrice de la grâce elle-même en chacun de nous ; il ne s’agit donc pas d’une mission réservée seulement à quelques-uns: "L’Église guidée par l’Évangile de la miséricorde et par l’amour de l’homme, entend la clameur pour la justice et veut y répondre de toutes ses forces". Dans ce cadre on comprend la demande de Jésus à ses disciples : "Donnez-leur vous-mêmes à manger" (Mc 6,37), ce qui implique autant la coopération pour résoudre les causes structurelles de la pauvreté et promouvoir le développement intégral des pauvres, que les gestes simples et quotidiens de solidarité devant les misères très concrètes que nous rencontrons.
Le mot “solidarité” est un peu usé et, parfois, on l’interprète mal, mais il désigne beaucoup plus que quelques actes sporadiques de générosité.
Il demande de créer une nouvelle mentalité qui pense en termes de communauté, de priorité de la vie de tous sur l’appropriation des biens par quelques-uns.

Un changement de structure est insuffisant, il doit être accompagné d’une mise en pratique de la solidarité au sens profond et exigent du terme.

La solidarité est une réaction spontanée de celui qui reconnaît la fonction sociale de la propriété et la destination universelle des biens comme réalités antérieures à la propriété privée.
La possession privée des biens se justifie pour les garder et les accroître de manière à ce qu’ils servent mieux le bien commun, c’est pourquoi la solidarité doit être vécue comme la décision de rendre au pauvre ce qui lui revient. Ces convictions et pratiques de solidarité, quand elles prennent chair, ouvrent la route à d’autres transformations structurelles et les rendent possibles.
Un changement des structures qui ne génère pas de nouvelles convictions et attitudes fera que ces mêmes structures tôt ou tard deviendront corrompues, pesantes et inefficaces.

La planète appartient à toute l’humanité, chaque homme a donc le droit d’y vivre dans la dignité. Le droit des peuples riches a donc pour limite un certain partage avec les peuples mois favorisés.

Parfois il s’agit d’écouter le cri de peuples entiers, des peuples les plus pauvres de la terre, parce que "la paix se fonde non seulement sur le respect des droits de l’homme mais aussi sur celui des droits des peuples". Il est à déplorer que même les droits humains puissent être utilisés comme justification d’une défense exagérée des droits individuels ou des droits des peuples les plus riches. Respectant l’indépendance et la culture de chaque nation, il faut rappeler toujours que la planète appartient à toute l’humanité et est pour toute l’humanité, et que le seul fait d’être nés en un lieu avec moins de ressources ou moins de développement ne justifie pas que des personnes vivent dans une moindre dignité. Il faut répéter que "les plus favorisés doivent renoncer à certains de leurs droits, pour mettre avec une plus grande libéralité leurs biens au service des autres". Pour parler de manière correcte de nos droits, il faut élargir le regard et ouvrir les oreilles au cri des autres peuples et des autres régions de notre pays. Nous avons besoin de grandir dans une solidarité qui "doit permettre à tous les peuples de devenir eux-mêmes les artisans de leur destin", de même que "chaque homme est appelé à se développer".

A l’image des évêques brésiliens nous devons prendre conscience de nos frères sans terre, sans toit, sans pain, sans santé. Le problème ne découle pas d’un manque global des biens sur la planète, mais d’une mauvaise répartition.

En tout lieu et en toute circonstance, les chrétiens, encouragés par leurs pasteurs, sont appelés à écouter le cri des pauvres, comme l’ont bien exprimé les Évêques du Brésil : "Nous voulons assumer chaque jour, les joies et les espérances, les angoisses et les tristesses du peuple brésilien, spécialement des populations des périphéries urbaines et des zones rurales – sans terre, sans toit, sans pain, sans santé – lésées dans leurs droits. Voyant leurs misères, écoutant leurs cris et connaissant leur souffrance, nous sommes scandalisés par le fait de savoir qu’il existe de la nourriture suffisamment pour tous et que la faim est due à la mauvaise distribution des biens et des revenus. Le problème s’aggrave avec la pratique généralisée du gaspillage".

Quel est le Pape qui n’a pas mis le doigt sur ce problème de l’égoïsme humain ?
Le progrès contemporain semble se développer à l’inverse du progrès de la solidarité.
Il est certain que François est encore plus sensibilisé à ces problèmes que ses prédécesseurs, compte tenu de sa région d’origine.

Et Lo tedhal dans tout cela ?

Seigneur, tu donnes tout et tu nous invites à tout donner même si nous pensons que c’est peu ou que c’est indigne… Si le jeune garçon n’avait pas donné ses maigres provisions qui étaient tout ce qu’il avait, tu n’aurais pas accompli le miracle de la multiplication des pains. En effet, tous nos biens proviennent de ta bonté. Tu nous les as confiés. Ils ne nous appartiennent pas. Notre rôle est de les faire fructifier non pour en profiter égoïstement mais pour les partager avec tous nos frères et semer la joie. (Extraits de l’Evangile en prières)


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