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La très noble vocation de la politique

Bertrand Lemaire

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A lire du §204 au §208 inclus: Evangelii Gaudium "La Joie de l'Evangile"- Exhortation apostolique du Pape François

La très noble vocation de la politiqueLes paroles de "bon sens" du Pape apparaissent à des années lumières des paramètres qui régissent l’économie mondiale. François pressent l’écroulement de ce système et, dès aujourd’hui, il rappelle les bases de la reconstruction future de nos sociétés.

Nous ne pouvons plus avoir confiance dans les forces aveugles et dans la main invisible du marché. La croissance dans l’équité exige quelque chose de plus que la croissance économique, bien qu’elle la suppose ; elle demande des décisions, des programmes, des mécanismes et des processus spécifiquement orientés vers une meilleure distribution des revenus, la création d’opportunités d’emplois, une promotion intégrale des pauvres qui dépasse le simple assistanat.
Loin de moi la proposition d’un populisme irresponsable, mais l’économie ne peut plus recourir à des remèdes qui sont un nouveau venin, comme lorsqu’on prétend augmenter la rentabilité en réduisant le marché du travail, mais en créant de cette façon de nouveaux exclus.

C’est un appel pressant à la vocation "d’homme politique" (au sens générique du terme) que lance le Pape. Des hommes capables de recourir à Dieu afin qu’il inspire leurs plans.

Je demande à Dieu que s’accroisse le nombre d’hommes politiques capables d’entrer dans un authentique dialogue qui s’oriente efficacement pour soigner les racines profondes et non l’apparence des maux de notre monde ! La politique tant dénigrée, est une vocation très noble, elle est une des formes les plus précieuses de la charité, parce qu’elle cherche le bien commun.
Nous devons nous convaincre que la charité "est le principe non seulement des micro-relations : rapports amicaux, familiaux, en petits groupes, mais également des macro-relations : rapports sociaux, économiques, politiques". Je prie le Seigneur qu’il nous offre davantage d’hommes politiques qui aient vraiment à cœur la société, le peuple, la vie des pauvres ! Il est indispensable que les gouvernants et le pouvoir financier lèvent les yeux et élargissent leurs perspectives, qu’ils fassent en sorte que tous les citoyens aient un travail digne, une instruction et une assistance sanitaire. Et pourquoi ne pas recourir à Dieu afin qu’il inspire leurs plans ? Je suis convaincu qu’à partir d’une ouverture à la transcendance pourrait naître une nouvelle mentalité politique et économique, qui aiderait à dépasser la dichotomie absolue entre économie et bien commun social.

Le Pape prend acte de la mondialisation de l’économie, ce qui rend toute nation dépendante de la globalité des décisions qui seront prises. Cela n’implique pas pour autant la perte de la souveraineté de chaque nation.

L’économie, comme le dit le mot lui-même, devrait être l’art d’atteindre une administration adéquate de la maison commune, qui est le monde entier. Toute action économique d’une certaine portée, mise en œuvre sur une partie de la planète, se répercute sur la totalité ; par conséquent, aucun gouvernement ne peut agir en dehors d’une responsabilité commune.
De fait, il devient toujours plus difficile de trouver des solutions au niveau local en raison des énormes contradictions globales, c’est pourquoi la politique locale a de nombreux problèmes à résoudre. Si nous voulons vraiment atteindre une saine économie mondiale, il y a besoin, en cette phase historique, d’une façon d’intervenir plus efficace qui, restant sauve la souveraineté des nations, assure le bien-être économique de tous les pays et non seulement de quelques-uns.

Dans la situation actuelle, l’Église ne peut pas "rester tranquille", elle doit être créative et la part qui lui revient est de faire en sorte que les pauvres puissent vivent avec dignité.

Toute communauté de l’Église, dans la mesure où elle prétend rester tranquille sans se préoccuper de manière créative et sans coopérer avec efficacité pour que les pauvres vivent avec dignité et pour l’intégration de tous, court aussi le risque de la dissolution, même si elle parle de thèmes sociaux ou critique les gouvernements.
Elle finira facilement par être dépassée par la mondanité spirituelle, dissimulée sous des pratiques religieuses, avec des réunions infécondes ou des discours vides.

Certains pourraient voir dans les paroles de Françoise l’expression d’utopies dans le contexte actuel. C’est la raison pour laquelle il tient à s’excuser de ses propos qui ne veulent offenser personne et qu’il propose avec affection, loin de toute option politique.

Si quelqu’un se sent offensé par mes paroles, je lui dis que je les exprime avec affection et avec la meilleure des intentions, loin d’un quelconque intérêt personnel ou d’idéologie politique.
Ma parole n’est pas celle d’un ennemi ni d’un opposant. Seul m’intéresse de faire en sorte que ceux qui sont esclaves d’une mentalité individualiste, indifférente et égoïste puissent se libérer de ces chaînes si indignes, et adoptent un style de vie et de pensée plus humain, plus noble, plus fécond, qui confère dignité à leur passage sur cette terre.

Le terme "passage sur terre" dénote bien la pensée profonde du Pape François. Conscient, lui aussi de la brièveté de son service comme successeur de Pierre, il ne s’embarrasse pas de "circonvolutions" de langage mais délivre son message de façon claire et nette...

Et Lo Tedhal dans tout cela ?

Pour toi, gouverner, c’est servir. Les grands de la terre "croient mener le monde, ils font figure de commander aux nations", dis-tu, non sans une pointe d’ironie. Et tu rectifies : "il ne doit pas en être ainsi parmi vous".
Le mot "autorité" vient d’un verbe qui signifie "faire croître". Un homme qui exerce l’autorité : un évêque, un père abbé, un supérieur, un père de famille, un éducateur… c’est celui qui aide les autres à devenir responsables et libres, qui les fait croître dans leur humanité et dans leur vie d’enfant de Dieu. Il leur offre les conditions nécessaires à leur plein épanouissement. C’est en ce sens que le pape se dit : "le serviteur des serviteurs de Dieu".

 


 

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