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L’unité prévaut sur le conflit

Bertrand Lemaire

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A lire du §226 au §230 inclus: Evangelii Gaudium "La Joie de l'Evangile"- Exhortation apostolique du Pape François

Pape Franois Patriarche Bartholome

François rappelle, qu’en cas de conflit, une règle du jeu est incontournable, qui pourrait se traduire par cette expression populaire : "ne pas avoir le nez dans le guidon". Prendre de la hauteur et regarder l’horizon.

Le conflit ne peut être ignoré ou dissimulé. Il doit être assumé. Mais si nous restons prisonniers en lui, nous perdons la perspective, les horizons se limitent et la réalité même reste fragmentée. Quand nous nous arrêtons à une situation de conflit, nous perdons le sens de l’unité profonde de la réalité.

Lorsqu’un conflit se présente, trois attitudes sont possibles :
- L’ignorer.
- Y entrer en cherchant à régler nos propres problèmes.
- L’accepter et faire en sorte que sa solution devienne un processus de paix.

Face à un conflit, certains regardent simplement celui-ci et passent devant comme si de rien n’était, ils s’en lavent les mains pour pouvoir continuer leur vie. D’autres entrent dans le conflit de telle manière qu’ils en restent prisonniers, perdent l’horizon, projettent sur les institutions leurs propres confusions et insatisfactions, de sorte que l’unité devient impossible. Mais il y a une troisième voie, la mieux adaptée, de se situer face à un conflit. C’est d’accepter de supporter le conflit, de le résoudre et de le transformer en un maillon d’un nouveau processus. "Bienheureux les artisans de paix !" (Mt 5, 9).

Il ne faut pas se voiler la face : les conflits sont inévitables, ils sont la conséquence de nos différences. La solution ne consiste pas à la recherche d’un syncrétisme, elle doit se nourrir du principe suivant : "L’unité est supérieure au conflit".

De cette manière, il est possible de développer une communion dans les différences, que seules peuvent faciliter ces personnes nobles qui ont le courage d’aller au-delà de la surface du conflit et regardent les autres dans leur dignité la plus profonde. Pour cela, il faut postuler un principe indispensable pour construire l’amitié sociale : l’unité est supérieure au conflit. La solidarité, entendue en son sens le plus profond et comme défi, devient ainsi une manière de faire l’histoire, un domaine vital où les conflits, les tensions, et les oppositions peuvent atteindre une unité multiforme, unité qui engendre une nouvelle vie. Il ne s’agit pas de viser au syncrétisme ni à l’absorption de l’un dans l’autre, mais de la résolution à un plan supérieur qui conserve, en soi, les précieuses potentialités des polarités en opposition.

"Le Christ a tout unifié en lui" et "le Christ est notre paix". Telle est notre certitude ! Les prémices de toute recherche de paix passe par notre propre pacification intérieure.

Ce critère évangélique nous rappelle que le Christ a tout unifié en lui : le ciel et la terre, Dieu et l’homme, le temps et l’éternité, la chair et l’esprit, la personne et la société. Le signe distinctif de cette unité et de cette réconciliation de tout en lui est la paix : Le Christ "est notre paix" (Ep 2, 14). L’annonce de l’Évangile commence toujours avec le salut de paix, et à tout moment la paix couronne les relations entre les disciples et leur donne cohésion. La paix est possible parce que le Seigneur a vaincu le monde, avec ses conflits permanents "faisant la paix par le sang de sa croix" (Col 1, 20). Mais si nous allons au fond de ces textes bibliques, nous découvrirons que le premier domaine où nous sommes appelés à conquérir cette pacification dans les différences, c’est notre propre intériorité, notre propre vie toujours menacée par la dispersion dialectique. Avec des cœurs brisés en mille morceaux, il sera difficile de construire une authentique paix sociale.

L’unité ne peut résulter du refus de la diversité. François aime citer les évêques congolais : "La diversité de nos ethnies est une richesse".

L’annonce de la paix n’est pas celle d’une paix négociée mais la conviction que l’unité de l’Esprit harmonise toutes les diversités. Elle dépasse tout conflit en une synthèse nouvelle et prometteuse. La diversité est belle quand elle accepte d’entrer constamment dans un processus de réconciliation, jusqu’à sceller une sorte de pacte culturel qui fait émerger une “diversité réconciliée”, comme l’enseignent bien les évêques du Congo : "La diversité de nos ethnies est une richesse […] Ce n’est que dans l’unité, la conversion des cœurs et la réconciliation que nous pouvons faire avancer notre pays".

Au terme de ce chapitre il est bon d’en évoquer une fois encore son titre : "l’unité prévaut sur le conflit ".

Et Lo Tedhal dans tout cela ?

La blessure du pécheur et celle de ses frères ont été portées par Jésus en sa mort, et c’est de cet Amour crucifié que jaillit l’Esprit de Communion. Car il est, lui, personnellement, "la rémission de nos péchés" ; là où la relation était manquée, brisée même, l’Esprit "tendresse du Père", se répand et redevient le lien vivant qui unit les personnes. En ce moment central de l’Absolution, tout est "délié" parce que tout est libéré par la Communion qu’est l’Esprit du Seigneur. (Extraits de "A la Source de l’Evangile" : citation de J. Corbon)


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