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Lecture de l’Icône de la Nativité

Lecture des icônes

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Icone Nativite

Icône du XVème siècle, de l’école de Roublev

Une icône est sous tendue par des textes bibliques et liturgiques, elle est portée par un Evénement de Salut exprimé dans l’Ecriture et célébré dans la Liturgie. L’icône nous "dit" Quelqu’un, pour notre vie aujourd’hui.

L’icône de la Nativité nous dit la naissance de Jésus. Elle nous dit surtout le mystère de son Incarnation, advenue une fois pour toutes, mais que le Seigneur ne cesse de vouloir réaliser aujourd’hui en nos vies. Noël n’est pas seulement le souvenir et la contemplation de la première venue de Jésus, mais c’est le temps fort de sa venue continuelle dans le monde et de sa naissance en chacun de nous, pour qu’en lui nous devenions, par l’Esprit, enfants du Père. C’est le temps de notre croissance dans la confiance en laquelle et avec laquelle l’Esprit agit.

Le ciel est ouvert pour laisser descendre un rayon qui, à partir d’un cercle (dans lequel figure ici une étoile), se subdivise en trois rayons s’inclinant doucement jusque dans l’obscurité de la grotte. Une étoile, un astre sort de Jacob (Nb 24,17). La force invincible de Dieu prend la forme d’une étoile.
Tout est donné. La Trinité, mystère de Communion, est engagée dans l’Incarnation : le Père donne son Bien-aimé, le Fils, qui se livre et prend chair par l’Esprit, l’Artisan des œuvres de Dieu.
Tout est donné au monde, la lumière luit dans les ténèbres. Par le Fils, Dieu rejoint ses enfants égarés dans la nuit, prisonniers du péché et de la mort : "Le bœuf reconnaît son bouvier et l’âne la crèche de son maître, mon peuple ne connaît rien, ne comprend rien." (Is 1, 3)

La Mère de Dieu, toujours Vierge Marie (cf. les trois étoiles de son vêtement), est étendue sur une couche d’un rouge éclatant qui a la forme d’un grain de blé.
"La terre a donné son fruit" (Ps 85, 10-14), Marie au cœur noble et généreux est cette bonne terre dont parle la parabole, le "jardin fécond".
"Cieux répandez comme une rosée la victoire et que les nuées la fassent pleuvoir ! Que la terre s’entrouvre pour que mûrisse le salut!" (Is 45, 8)
"Le fruit béni de ses entrailles", elle le donne au monde, il n’est pas sa possession mais le Don du Père, voici pourquoi elle ne regarde pas Jésus, mais soutenant sa tête d’une main, elle garde en son cœur le mystère et le médite. (Lc 1, 19; 2, 51). Son visage douloureux et grave nous rappelle qu’elle continue à enfanter dans la douleur les enfants du Père, elle est étendue comme une accouchée qui vient d’enfanter et qui enfantera encore mystérieusement mais réellement.
Marie est le visage de l’Eglise. Elle regarde le monde ; c’est par elle que naîtra virginalement chaque homme, son regard porte loin, elle contemple et garde ce mystère de naissance en son cœur... en son sein virginal...

Jésus, le Salut, est posé là pour notre Joie. Voici le Don du Père, "Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son bien-aimé." Le Verbe est devenu vraiment homme, c’est ce que soulignent les femmes donnant le bain au nouveau-né. Nous ne sommes plus seuls: Emmanuel, Dieu est avec-nous. Il vient au creux de nos nuits, de nos faiblesses, de nos échecs. Il vient faire sienne notre humanité.
Jésus a la taille d’un enfant mais le visage et l’allure d’un adulte, enveloppé de bandelettes, couché sur la pierre du tombeau, il nous dit qu’il vient rejoindre l’homme dans les ténèbres du péché, il est descendu du Ciel pour faire sien tout ce qui est nôtre y compris la mort dont il sera vainqueur par sa propre mort d’amour. Enveloppé de langes, il est comme ligoté, il épouse l’impossibilité de l’homme à vivre par lui même d’une Vie qui ne meurt pas, seul son visage levé vers le Ciel nous dit le mouvement de son cœur de Fils. Dans le Silencieux Amour il dit: "oui Père!" La réponse du Père c’est le Don de la Résurrection, c’est Quelqu’un, c’est l’Esprit saint.

La couche de Jésus suggère le tombeau mais elle évoque également l’autel du sacrifice où nous est livré en nourriture le Pain de la Vie. Comment ne pas évoquer ici le chant liturgique de l’offrande des dons dans la messe maronite : je suis le Pain de vie venu du Sein du Père, don pour le monde, le sein de Marie l’a reçu comme un grain de blé dans la terre fertile etc.

La Présence de l’Esprit baigne toute l’icône, elle ruisselle en lumière sur les habitants de l’icône et sur l’univers, la joie de Dieu comme une source est répandue pour sa Gloire et la Paix des hommes qu’il aime. Le Sauveur est enveloppé des langes de la mort pour que l’univers soit enveloppé de la douce clarté de la tendresse de Dieu. (Lc 2, 10)

Chacun des personnages nous dit comment accueillir le Don du Père:

Marie de façon singulière nous parle de l’accueil confiant. Vide d’elle-même elle reçoit virginalement le Don en son sein. Son accueil consiste non pas à faire mais à se laisser faire par Dieu, à le laisser agir.

Les anges, qu’ils contemplent Jésus en sa chair, ou le Ciel, nous parlent de l’humble adoration en esprit et vérité.
Comparer l’ange penché en un doux abaissement de tout l’être dans l’adoration du Verbe fait chair et son frère, l’ange situé un peu plus haut qui est penché vers les pauvres bergers. "Tu as vu ton frère, tu as vu ton Dieu." C’est le même mouvement d’humilité qui nous porte dans l’adoration et dans la compassion.

Les bergers, les proches, les veilleurs, de façon personnelle nous parlent du désir des cœurs pauvres qui attendent tout de leur Dieu. Voici leur accueil.

Les mages, les lointains, les guetteurs, sont poussés par le Souffle de Dieu qui fait voler leurs manteaux, ils se laissent conduire. Ne connaissant pas le chemin, ils s’en remettent à l’étoile, cadeau du Dieu de l’univers. Voici leur accueil personnel. Regardons-les tendus vers les hauteurs, et le mouvement du premier, apparemment le plus âgé, tourné vers ses compagnons leur indiquant le chemin…
Ce n’est jamais seul que nous devenons fils de Dieu mais toujours avec d’autres et pour d’autres. Naître à Dieu ne serait-ce pas naître au mystère très saint de la Communion trinitaire ?

Comme un fœtus, homme de la terre, Joseph au vêtement brun nous représente dans notre humanité à naître. Il médite en silence : de quel cœur va t-il accueillir l’impossible? A quel esprit va t-il se fier? "Y a t-il rien de trop merveilleux pour Dieu?" Voici, il met sa confiance en Dieu, il est le fils du juste Abraham qui a cru. Sa confiance l’emplit de puissance (Rm 4, 20), la splendeur de l’Esprit le revêt de lumière.
Situé au bas de l’icône, il nous montre le chemin : Comment naître au Père ?
En Jésus, fils de Marie et Fils du Père, ceux qui croient reçoivent le pouvoir de devenir enfant de Dieu (Jn 1, 12). Par la confiance et l’Esprit, ce qui est né de la chair peut naître à la Vie jaillissante du Père.


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