Imprimer

Le souci de l’autre

Écrit par Mgr Mansour Labaky Jeudi, 18 Mai 2017 00:00

Mgr Mansour Labaky

Changer taille:

Extrait des émissions "Lo Tedhal-La Takhaf"

Le Souci De Lautre

Je vais vous parler aujourd’hui du souci pour autrui. Au Liban, un dicton dit : "Celui qui tombe amoureux d’une femme étrangère la suit jusque dans son pays."

Vous avez tous entendu parler d’Ampère, en matière d’électricité : 20 ampères, 50 ampères… Mais Ampère était en fait un homme, un grand savant et un bon chrétien. Il disait : "Si je possède tout et qu’il me manque le bonheur des autres, c’est comme si je n’avais rien." Parole admirable !

Madame de Ségur disait à sa fille migraineuse: "Ta tête me fait mal." Nous utilisons aussi des expressions telles que: "Je me mets à ta place" et "L’absent est excusé." Tout ceci relève du registre de se faire du souci pour les autres. C’est un comportement normal chez le chrétien. Son cœur est une petite partie du cœur divin.

En 1970, j’étais à Brooklyn. Je composais des mélodies maronites en anglais. Le prêtre de ma paroisse était Monseigneur Bou Takka qui, à 26 ans, avait été le secrétaire du Patriarche Howeik. Il m’a raconté cette histoire :

Un grave différend opposait deux familles maronites d’un même village. Des voisins tentèrent de les réconcilier, sans succès. Ils vinrent informer le Patriarche qui s’inquiéta de cette situation. Il se mit en prière, se demandant comment ces deux familles pouvaient se haïr alors qu’elles partageaient les mêmes offices religieux, la même foi en Jésus ? Comment le Christ pouvait-il habiter leur cœur alors que le pont de fraternité qui les liait était brisé ? Le Patriarche se faisait beaucoup de soucis. Un soir, alors que nous nous mettions à table, juste avant de commencer le dîner, la nouvelle nous parvint que la situation s’était encore davantage détériorée entre ces deux familles. La coutume veut que le Patriarche ait commencé son assiette avant que tous ses convives, évêques et prêtres, ne se mettent à manger. Mais au lieu d’entamer sa soupe, le Patriarche gardait sa cuillère à la main en la tournant dans tous les sens. Inquiet, l’un des convives lui demanda : "Que se passe-t-il, Béatitude ?" Il répondit : "Les paroissiens sont divisés dans tel village. Comment voulez-vous que je parvienne à manger ?" Il se faisait du souci pour ces villageois, comme le Christ s’en est fait pour nous au Mont des Oliviers. Finalement, il envoya un messager qui se rendit dans ce village pour exhorter les familles à se réconcilier, ne serait-ce que pour alléger les soucis du Patriarche.

Voila un bel exemple de souci de l’autre. Tout comme lorsqu’une mère s’inquiète à la vue de ses enfants qui se disputent, ou qu’un prêtre s’afflige en constatant la discorde au sein de sa paroisse.

Si, toutefois, les gens ne veulent pas se réconcilier, tant pis. Mais, pour notre part, nous ne serons tranquilles que lorsque l’entente et la grâce du Seigneur seront revenues dans le cœur des gens.


Powered by Web Agency