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Une piqûre divine

Mgr Mansour Labaky

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Extrait des émissions "Lo Tedhal-La Takhaf"

Une Piqure Divine

Celui qui est le temple de la divinité n’attache plus d’importance aux banalités, même à la discipline. Le poète n’est pas celui qui étudie l’alphabet. L’ermite n’est pas celui qui apprend la manière de prier, car celui qui tombe amoureux de Dieu sait comment faire l’expérience de Dieu à partir de son sacerdoce. La maman n’apprend pas comment éduquer ses enfants, mais l’expérience nous montre que la tendresse qui l’habite jaillit de son cœur et se déverse sur autrui.

Regardons Jésus, par exemple, si nous voulions décrire son profil intellectuel, on constaterait qu’il est faible en calcul : il nourrit 5.000 personnes avec un peu de pain et cinq poissons. Et quand on lui offre un verre, il rend le centuple en échange. Cela veut dire que si Jésus était Ministre des finances d’un pays, celui-ci ferait banqueroute ! La géographie n’est pas non plus son point fort : il n’existe pour lui qu’une seule voie, et ce chemin c’est lui-même qui conduit au Père. Il est aussi faible en chimie - il transforme l’eau en vin - qu’en physique : il marche sur l’eau en défiant les lois de la pesanteur. Il ne semble pas du tout doué pour l’organisation : il n’a même pas une pierre où reposer sa tête. Il n’est pas bon non plus en écriture ni en calligraphie : il n’écrit pas comme les autres mais sur du sable. Il proclame aussi : "Moi et le Père nous sommes qu’Un". Comment cela est-il possible : deux en un?!

Rien n’est logique chez Jésus-Christ. Pourtant comment se fait-il que deux milliards de personnes le suivent ? Parce que nous, humains, nous ne sommes pas fascinés par la science seulement - comme un bébé par le jouet qu’il tient entre ses mains : il le regarde puis il le jette - mais nous sommes en harmonie et attirés par Dieu qui est présent en nous. Cela ne meurt pas.

Qui d’entre nous ne désire pas être heureux toute sa vie ? Mais la Joie ne vient que du Ciel. Quand le Christ habite en nous, c’est-à-dire quand Dieu nous habite (or Dieu et la Joie ne font qu’un), nous ressentons alors un frisson spirituel que de simples mots sont impuissants à décrire. Tout ce que nous pouvons faire, c’est nous taire. Car les sentiments les plus grands et les plus forts sont silencieux. Si nous compulsons tous les dictionnaires à la recherche du vocabulaire qui exprime la joie, nous échouerons.

Quand nous étions petits, nous nous exprimions par des cris. A présent, nous exprimons parfois notre joie ou notre chagrin par des coups de feu tirés en l’air. On utilise des méthodes banales pour traduire un état d’âme qui impose le silence.

Quelle est l’attitude de Jean, le disciple, bien-aimé au pied de la croix? Qu’a-t-il dit à la Vierge? Rien. Il a seulement tenu sa main et regardé Jésus. Et nous ? Que peut-on dire à quelqu’un de frappé par une catastrophe, ou par le deuil de sa mère, de sa femme ou de son fils. Quel langage lui tenir ? Est-ce qu’on va lui murmurer : "Ce n’est pas grave… patience… l’huile de sa lampe s’est épuisée…" N’importe qui peut tenir de tels propos. Mais vous, pour le consoler, asseyez-vous près de lui, faites-lui une injection de tendresse, une "piqûre" de Jésus et le Seigneur lui-même verra comment transformer sa douleur. Comme il a changé l’eau en vin, Jésus convertira le désespoir en espérance et les larmes en joie. Car celui qui meurt déménage auprès du Seigneur où nous nous retrouverons tous.

Dans votre vie, ne vous focalisez donc pas sur les choses extérieures mais sur l’Essentiel, Jésus, sur qui nous pouvons nous décharger de nos soucis et de nos fardeaux.


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