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Les funérailles de la paroisse

Mgr Mansour Labaky

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Extrait des émissions "Lo Tedhal-La Takhaf"

Les Funerailles De La Paroisse

Ce que je vais vous dire maintenant peut être gênant pour les idées de certains.

 

Il y avait un curé de paroisse où avait lieu beaucoup d’enterrements parce que beaucoup de personnes âgées y vivaient. Ce prêtre célébrait tous les jours des obsèques. Une personne lui demanda un jour : "Comment va votre paroisse, mon Père ?". Il répondit: "Grâce à Dieu, elle est très vivante !". Que voulait-il dire par là ? Qu’il y avait de l’animation grâce aux enterrements qui faisaient venir les gens à l’église.

De cette anecdote, je conclurai qu’il y a de la vie parce qu’il y a des morts ! Car beaucoup de gens ne viennent à l’église qu’aux bras des autres : pour leur baptême, leur mariage et leur enterrement. Ou s’ils viennent seuls, c’est uniquement pour les obsèques d’un ami. Si le curé est futé, son sermon ne sera pas un panégyrique du défunt, que tout le monde connait, mais il prêchera sur le sens de la mort, de la résurrection et de la vie. En effet, beaucoup se sont convertis grâce à ce type de sermons. Donc nous pouvons vraiment dire cette paroisse était bien vivante !

Jeunes prêtres, nous avions demandé à notre archevêque, feu Ignace Ziadé : "Excellence, pourquoi allez-vous faire l’oraison funèbre aux enterrements ?". Il nous avait répondu : "Mes enfants, c’est le seul moment où nous pouvons voir les hommes qui ne mettent jamais les pieds à l’église le dimanche". Son sermon atteignait toujours sa cible, et nombreux sont ceux qui se convertissaient après l’avoir entendu.

Nous n’attendrons pas que quelqu’un meure pour réfléchir. Je pense à un prêtre qui est arrivé dans sa paroisse et qui a trouvé son église déserte. Il s’est dit : "A quoi bon rester ici ?". Soudain une idée lui a traversé l’esprit et il a annoncé un enterrement sur la paroisse : "Dimanche prochain, vous êtes tous invités à assister à l’enterrement de la paroisse !". "Comment ça, on enterre la paroisse ?". Le dimanche suivant, les gens ont accouru à l’église. Le curé avait placé un cercueil avec un miroir à l’intérieur, à la place de la dépouille mortuaire. Il s’est alors adressé à l’assistance : "Approchez-vous et dites au défunt : Que Dieu ait pitié de ton âme !". Même les gens qui ne mettaient jamais les pieds à l’église se sont approchés par curiosité. Chacun à son tour, en se penchant sur le cercueil, a pu y voir sa propre image et tous ont compris. Les gens ont repris la pratique dominicale et la vie a repris dans la paroisse.

Il ne faudrait pas devoir en arriver là pour retourner à la messe, car on ne badine pas avec le Seigneur. Ce n’est pas parce qu’on a besoin de Lui à l’heure de la mort pour recevoir l’extrême-onction, ou pour répondre à une invitation à un mariage, à un baptême, à un enterrement, ou par obligations sociales, non! C’est parce que nous avons besoin qu’il soit enraciné dans notre cœur!


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