Extrait des émissions "Lo Tedhal-La Takhaf"
Quand un homme a l’esprit d’un poète et une âme transparente, tout devient pour lui transparent.
Je traversais, un jour, le Pacifique en avion, à l’occasion de l’un de mes voyages, et, avec mon voisin, nous observions les nuages. Il me dit : "Père, est-ce que vous voyez la croix dans ce nuage ?". J’ai regardé alors qu’il insistait: "Ici, à droite… et aussi à gauche". C’était vrai, je l’ai vue aussi. Mais s’il n’avait pas attiré mon attention, je ne l’aurais pas remarquée.
Il y a des personnes qui ont tendance à interpréter les signes à partir de leurs attentes, comme celles qui lisent dans le marc du café. Elles vous disent : "Regardez cette colombe… ce serpent… etc.". Tout est subjectif.
Un jour, Saint François d’Assise retournait, avec Frère Léon, à leur couvent, en pleine chaleur. Ils étaient extenués car ils étaient à pied. Ils marchèrent, marchèrent… jusqu’à ce qu’ils soient morts de fatigue. Ils sont alors arrivés à un endroit où se dressait un grand arbre, comme un chêne, et ils se sont assis à son ombrage. François a alors commencé à pleurer - c’est un des plus grands poètes du christianisme - Frère Léon lui a demandé : "Qu’est-ce qui vous arrive, Frère François ?". Il lui a répondu : "Dieu savait, depuis le temps où il a créé le monde, que ses deux enfants, François et Léon, allaient passer par là, fatigués par le poids de la chaleur. Alors il a placé pour eux cet arbre ici, afin qu’ils se reposent sous son ombre".
Admirez la réaction de saint François dans cette situation : un regard d’amour, un regard émerveillé… que nous n’avons pas. Et pourtant, je vous pose la question : "Qui d’entre vous n’est pas émerveillé devant un coucher de soleil ?". Mais vous allez me répondre : "Certes, mais on y est habitué !".
A propos de coucher de soleil, le poète libanais, Emile Moubarak, a dit cette phrase très connue de tous les Libanais qui chantent ses chansons : "Le soleil a plongé dans la mer pour nous défier, il a disparu à nos yeux et nous a quittés". Ceux qui habitent la montagne sont habitués à ce spectacle. Tandis que le visage du touriste, qui vient pour la première fois, reflète de l’émerveillement, ou bien celui du tout-petit qui s’extasie devant la moindre nouveauté. Ah ! Si nous avions eu ce regard d’enfant pour nous émerveiller... écoutez ce que nous aurions pu dire :
Un enfant de 6 ans se promenait avec son père, en hiver. Soudain, un éclair stria le ciel et l’enfant s’écria spontanément : "Papa, c’est Jésus qui nous prend en photo ! C’est le flash de son appareil !". Vous allez penser : "Comme ce garçon est mignon !". Celui qui a une âme pure voit la pureté en tout. Et il apprend à lire les signes de la présence de Dieu dans le monde.
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