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Deux poids, deux mesures

Mgr Mansour Labaky

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Extrait des émissions "Lo Tedhal-La Takhaf"

Deux poids, deux mesures

Je voudrais vous poser une question, en suppliant chacun de se demander, dans son for interne, si ce que je dis s’applique à lui.

Si quelqu’un est lent dans son travail, comment le définirons-nous ? Un paresseux ! Mais si c’est moi qui suis lent dans mon travail, je n’accepte pas qu’on me traite ainsi. J’estime plutôt que je suis méticuleux et attentionné.

Si quelqu’un cherche à imposer son avis, vous dites qu’il est têtu. Mais si c’est mon cas, je prétends que je suis ferme et que je sais ce que je veux. C’est-à-dire que, dans la même situation, je m’attribue un autre qualificatif.

S’il y a un intrus qui s’immisce dans des affaires qui ne le concernent pas, vous dites : il doit avoir une idée derrière la tête… Mais si c’est moi qui interviens, je suis un homme d’initiative.

Si quelqu’un accomplit trop vite sa tâche, vous dites : ce n’est qu’un irréfléchi et un imprudent ! Mais s’il s’agit de moi, je suis rapide et intrépide.

Devant une personne cupide, je dis : oh, quel avare ! Mais dans la même situation, je dis que je suis sage, économe et que je ne dilapide pas mon argent. Franchement, est-ce que je porte sur les autres le jugement que je porterais sur moi-même dans une situation identique ?

Rappelons-nous cette parole du Seigneur : "Comment peux-tu voir la paille dans l’œil de ton frère alors que la poutre (celle qui servait à fabriquer les plafonds) qui est dans ton œil, tu ne la vois pas ?". Retirez donc votre poutre pour que votre regard soit limpide et que vous puissiez distinguer plus clairement les intentions de l’autre.

Cela veut aussi dire que, quand je me fais l’avocat de mon prochain et mon propre juge, je me trouve sur la même longueur d’onde que Jésus, que je marche déjà sur ses traces et que je suis son disciple. Car je ne veux pas seulement apprendre de Lui mais devenir comme Lui.

Nous disons qu’untel est l’élève d’untel, pas seulement par les connaissances mais par la sainteté. Par exemple, Dominique Savio est le disciple de Don Bosco et saint Charbel est le disciple de Nemetallah, car le maître déteint sur son élève.

Il nous arrive de dire : "Tu es le fils de qui ? Ah, le fils d’untel ? Que Dieu ait son âme ! Tu es la copie conforme de ton père qui a laissé sa marque de fabrique". Or nous sommes les disciples de Jésus, nous devons garder son emprunte en nous. Car si nous le connaissons "par cœur" sans vivre de Lui, nous entendrons ce reproche de sa bouche : "Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi, alors je le vomis de devant ma Face".

Nous prétendons connaitre le catéchisme mais le Diable le connait aussi ! Il connait aussi le Credo et le Pater. Il connait Dieu mieux que nous. Il connait même beaucoup mieux la théologie que ceux qui l’enseignent. Mais l’essentiel pour l’homme, c’est de brûler d’amour pour Dieu.


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