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Veillez pour ne pas être surpris! (Mc 13,33-37)

Mgr Mansour Labaky

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Extrait du Livre: "L'Evangile en Prières"

† 1er dimanche de l’Avent – année B

Veillez Pour Ne Pas Etre Surpris

Seigneur ! Quelle sera notre préparation à la fête de Noël ? Penserons-nous surtout aux cadeaux, à la décoration, à la bonne chair ? Ou penserons-nous à dépoussiérer notre cœur, à l’habiller de fête pour que nous soyons, nous-mêmes, les cadeaux que nous présenterons à la Crèche en compagnie des bergers, tes premiers visiteurs ?

Les quatre semaines qui s’ouvrent nous sont données pour nous préparer à ta venue. Attente joyeuse du divin Enfant ? Certainement. Mais ce n’est pas le doux recueillement qu’inspire cet enfantement que reflète l’évangile de ce jour. Notre Avent commence par les vigoureux conseils que tu nous donnes pour attendre ta seconde venue. Attente, oui ! Mais avec la vigilance du veilleur aux aguets qui scrute l’horizon ; ou celle du serviteur fidèle qui garde sa tenue de service jusqu’au retour de son maître.

Doit-on pour autant sombrer dans l’anxiété ? Rechercher les signes avant-coureurs d’une catastrophe ? Collectionner les prédictions des "messagers du Ciel" ou ceux qui se prétendent tels ? Lisons attentivement les quelques lignes de cette courte parabole.

Le maître s’absente. Il part en voyage. Nous le constatons bien, Seigneur. Tu as déserté notre monde. Ou peut-être est-ce lui qui t’a déserté ? Il nous suffit d’allumer la radio ou la télévision pour en être convaincus. Mais avant de partir, le maître a confié à chacun de ses serviteurs une tâche à accomplir et au veilleur celle de veiller.

À nouveau, tu nous le rappelles. Nous sommes responsables de notre communauté familiale, de notre communauté de vie, de notre société, de l’Église. L’attente n’est ni passivité ni oisiveté. Le chrétien est un homme debout et qui avance. Tu y tiens. N’as-tu pas dit au paralytique : "Lève-toi, prends ton grabat et marche" ? N’as-tu pas dit à la petite fille de Jaïre : "Lève-toi" ? Oui ! Nous sommes appelés à nous lever et à marcher à ta rencontre. C’est-à-dire à tout mettre en œuvre pour édifier ton Royaume, et ainsi hâter ta venue. Tu n’as de cesse que toute l’humanité te connaisse et, à travers toi ton Père, pour que chaque homme ait la liberté de s’engager à ta suite ou de te refuser. Alors, sonnera l’heure d’engranger la récolte en séparant le bon grain de l’ivraie. L’heure de trier les poissons qui emplissent le filet. Mais cette heure est imprévisible. Il faut nous tenir prêts. Se préparer par chaque moment de notre vie à cette grande rencontre.

Pourtant n’avons-nous pas tendance à nous endormir dans une vie chrétienne bien réglée ? Suffit-il, en effet, que nous soyons ponctuels à la messe dominicale et que nous connaissions bien notre petit catéchisme ? Ce n’est pas la somme de nos mérites qui comptent à tes yeux, c’est l’amour que nous mettons à réaliser les choses les plus humbles de nos vies, comme l’a si bien prouvé la petite Thérèse de Lisieux.

Ton insistance à nous parler de l’incertitude du dernier instant qu’il soit celui de l’humanité ou le nôtre ne devrait pas nous effrayer. Au contraire, tu nous avertis d’une réalité et tu nous donnes la solution : "Veillez !".

Comment redouterions-nous l’heure de quitter cette terre, alors même que nous sommes faits pour l’Éternité ? Comment redouterions-nous de te rencontrer, alors que tu es le but que nous cherchons à atteindre ?

"Veillez car vous ne savez ni le jour ni l’heure" ; "Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation" ; "Ainsi, vous n’avez pas su veiller une heure avec moi…" : ce thème revient comme un leitmotiv nous rappeler que nous sommes à la fois responsables de notre propre avenir d’éternité et aussi, en tant que tes disciples, des veilleurs pour le monde. Mais nous ne sommes pas seuls à nous débattre sur ce chemin de notre vie qui nous rapproche de toi. Toi-même viens à notre rencontre comme le père de l’enfant prodigue. Même si tu nous parais absent. Tu fais semblant de te retirer pour que notre liberté humaine puisse s’exercer. Mais tu es caché et tu observes. Au moindre trébuchement, tu accours, prêt à nous relever. Ton amour pour nous ne peut s’en empêcher.

Tu nous as promis avant de quitter cette terre : "Je ne vous laisserai pas orphelins". Et ce que tu as promis, tu le tiens. Je ne peux donc que me réjouir de tout ce que tu me dis dans cette page d’évangile.

Veiller avec toi, c’est rester près de toi, en ta présence, à chaque instant de ma vie. C’est t’offrir mes paroles, mes silences, mes regards, mes gestes, mes larmes, mes prières, mon travail, mon inactivité, ma solitude, ma joie, ma maladie… Tout. C’est vivre dans l’Espérance, celle de Péguy. Cette petite fille qui se réveille chaque matin avec un regard neuf et entraîne joyeusement ses deux grandes sœurs, la Foi et la Charité, car elle a confiance en toi tout simplement.

Seigneur, puissions-nous revêtir l’attitude sereine d’un saint Louis de Gonzague à 17 ans, quand on lui demanda ce qu’il ferait s’il devait mourir à l’instant. Certains de ses camarades avaient répondu, l’un qu’il irait se confesser, l’autre qu’il chercherait à se réconcilier, un troisième qu’il prendrait de quoi dormir, quant à Louis, qui était en train de jouer, il répondit tranquillement : "Je continuerai à jouer". Donne-nous la grâce d’être prêts quand le Ciel nous fera signe !

"Te prier pour demain, oh non, je ne le puis… Conserve mon cœur pur, couvre-moi de ton ombre rien que pour aujourd’hui". (Poème de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus)



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