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Tous prophètes !

Padre Damiano Puccini

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Tous prophètes

La première lecture est tirée du Deutéronome, le dernier livre du Pentateuque (constitué des cinq premiers livres de l’Ancien Testament). Moïse est le premier grand prophète. Ce titre désigne non pas celui qui annonce le futur, mais celui qui parle au nom d'un autre. Moïse annonce la venue d'un prophète et demande au Peuple s’il sera capable de l’écouter. Le terme "écouter" signifie, pour un disciple, obéir pour son bien!

Le prophète est considéré comme un don du Seigneur parce qu’il est la réponse divine à la demande du Peuple. En effet, quand Dieu s’est manifesté sur le mont Horeb, le Peuple a été rempli de frayeur à cause du tonnerre et de la foudre auxquels la voix du Seigneur était associée: "Puis-je ne plus entendre la voix du Seigneur et ne plus voir ce grand feu, pour ne pas mourir". La présence de Dieu fait peur. Dans l'Exode, il est écrit que Moïse a vu Dieu, face à face. Dieu n'a pas de visage, mais Moïse est entré dans une relation intime avec Dieu, qui lui a parlé comme à un ami.

Face à un absolu, le reste de notre vie paraît insignifiant. Mais si nous pensons que c'est Dieu qui a créé toutes choses et les fait subsister, alors Lui-même entre dans notre Histoire. La prophétie manifeste le sens des événements et ce sens vient de Dieu. Chaque homme-prophète est lié à sa culture et à son histoire et chacun de nous, s'il est attentif à écouter la Parole, peut être un prophète. Tout le monde a la responsabilité de devenir prophète, à sa manière. Mais le seul vrai Prophète est Jésus-Christ : Lui seul peut nous révéler le point de vue du Très-Haut. La bonne nouvelle, c’est qu'au milieu de nous, nous avons un frère qui a remporté "le prix Nobel", un frère courageux, fort et lucide, que nous ne connaissons pas, mais qui est bien là.

Il y a une différence radicale entre nous et Dieu : en Lui, il n'y a aucune différence entre le dire et le faire. Son Fils, qui est sa Parole, n'est pas un Dieu différent! Comment pouvons-nous ressembler un peu plus à son Fils, en cela? Nous ne pouvons augmenter notre capacité de faire, mais nous pouvons contrôler notre capacité de dire. Comment donc ?

Tout d'abord en étant de plus en plus présents à nous-mêmes, c’est-à-dire en vivant dans le moment présent, et non pas dans nos raisonnements, qui nous trompent souvent. Ne disons pas de bêtises, avec la prétention de faire dire à Dieu ce que nous pensons ! Je ne peux pas dire: "Dieu veut ceci !", parce que je ne peux pas l’emprisonner dans mes paroles.

Si l’ambigüité nous domine, alors nous ne sommes pas prophètes et nous ne pouvons pas parler au nom de Dieu. Essayons alors d'être le plus vrai possible : pour découvrir la réalité, pour reconnaître, devant soi et les autres, la relativité de ce que je suis, de ce que je fais, de ce que je sais de moi-même. Dieu seul peut dire: "Je suis à ton côté, je peux tout faire, je ferai tout pour toi!". Il faut donc moins parler avec les mots que laisser parler notre vie ou, s'il faut parler, restons attachés au concret de la vie, pour ne pas se contenter de mots vides, car c'est dans la trame du quotidien que l'Esprit de Dieu passe.

Enfin, ne nous cachons pas derrière l'excuse: je voudrais être prophète, mais la vie, le travail, la famille, m'en empêchent : je n'ai pas le temps; j'aimerais bien, mais je ne peux pas, je ne sais pas comment m’y prendre! Nous devons nous arrêter et rendre notre âme disponible. Donner de l'importance au sens de ce que nous faisons et garder l'oreille du cœur attentive au frère et aux appels clairs qui nous habitent! Chacun doit trouver son propre rythme pour se mettre à l’écoute et entrer en dialogue paisible avec la Parole de Dieu.


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