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Pur et dur?

Padre Damiano Puccini

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Pur et dur?

Si nous ne connaissons pas le contexte dans lequel il a été écrit, le texte de la première lecture de ce dimanche nous choque par son inhumanité. Et pourtant, interrogeons-nous avec honnêteté : comment regardons-nous ceux qui sont différents de nous : les handicapés, les marginaux, les toxicomanes, les alcooliques… ?

Ce texte est extrait du livre du Lévitique. A Babylone, à des milliers de kilomètres de la Palestine, au VIème siècle avant J.C., les Juifs, ayant quitté Jérusalem réduite à un tas de ruines, sont déportés le long des berges du Tigre et de l’Euphrate. Là en exil, ils se jurent de ne pas oublier Jérusalem. Dans l'immense désert qu'est Babylone, les plus fervents du peuple, un groupe de prêtres, dans l’attente de la libération (qui aura lieu en 538 avec Ciro), codifie le quotidien de l’existence du peuple juif dans tous ses détails.

Dans le Lévitique, nous trouvons le souci de se défendre des influences de la culture babylonienne, en gardant la « pureté », c’est-à-dire l’authenticité, la cohérence entre la foi et la vie quotidienne. Ainsi des normes d'hygiène deviennent des normes religieuses. Tout cela pour indiquer ce qui est sain, utile, sûr pour la vie et aussi pour la foi.

La lèpre, c’est la maladie la plus impure. Le corps de l’homme se décompose, comme rongé : c’est le signe du péché. Le lépreux est exclu de la société humaine. Il doit vivre à l'extérieur du camp, et ceux qui ont une maladie de peau, qui fait suspecter la lèpre, sont également tenus à l'écart. Les règles rabbiniques expliquaient que la maladie était causée par une transgression flagrante de la Loi et interdisaient toute proximité avec le « fautif ». Le lépreux en est conscient, il se croit coupable de sa maladie. D’ailleurs il doit crier: «Impur, impur ! » pour éloigner les autres, sous peine d’être lapidé s’il se laisse approcher.

Cela nous paraît dur. Mais pensons à toutes les fois où nous avons peur d’approcher les autres à cause de leurs problèmes, où nous jugeons tel ou tel d’après sa situation… même si Jésus nous a donné l’exemple d’un Dieu compatissant à toute détresse. Notre dureté de cœur peut créer aux autres de grandes souffrances. Qu’avons-nous à faire? Légitimer tous les comportements? Ce n'est pas à nous de juger de ce qui peut motiver un comportement, mais nous avons à accueillir l’autre avec un profond respect pour sa dignité humaine.


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