La première lecture est tirée du prophète Jérémie, lorsqu’il prédit que Nabuchodonosor, le roi babylonien, allait vaincre les Egyptiens et arriver jusqu'à Jérusalem, qui se soumettrait immédiatement.
Jérémie prévient que l'ennemi vient de Babylone et prévoit la catastrophe : il essaie de préparer le Peuple, qui ne l'écoutera pas, le rejettera et le persécutera, préférant suivre les faux prophètes qui le rassurent.
Mais, lorsque l'événement donnera finalement raison à Jérémie, son message reviendra à la mémoire du Peuple. Grâce à lui, les exilés pourront vivre l'événement douloureux en lui donnant du sens. Le peuple pourra vivre les années d'exil sans tomber dans le désespoir.
L'oracle parle d'une « nouvelle » Alliance, en contraste avec l’ancienne : c'est dire que l'alliance n’est pas rompue. Dieu promet même de l’écrire dans le cœur du croyant, comme une sorte de signature divine à ses promesses. Alors que dans l'ancienne Alliance, la loi était écrite sur des tablettes de pierre, ici la loi sera écrite dans « un cœur de chair », siège de la mémoire, de l’intelligence, des décisions libres. L'Alliance ne sera donc plus vécue comme quelque chose d’imposé de l'extérieur, mais comme répondant au désir le plus profond de l'homme : désir du Bien et de la Vérité. Car Dieu est capable de transformer la personne, de restaurer pleinement sa liberté en l’orientant vers le Bien.
Arrêtons-nous un instant, pendant ce Carême, pour nous demander : sommes-nous encore dans l'ancienne Alliance ? La loi civile et la loi religieuse sont toujours écrites en dehors du cœur : elles s’imposent à coup de punitions ou d’excommunications ! L'oracle dit pourtant : « Ils n'auront plus à s'enseigner les uns les autres » parce que la loi ne devrait plus s’écrire sur des tablettes de pierre mais dans les consciences.
Le temps du passage entre les deux Alliances a été inauguré par Jésus-Christ, qui nous invite à une Alliance de liberté. Mais nous restons encore coincés à la frontière entre les deux Alliances. Nous aspirons pourtant à cet « âge d’or », où les lois sont écrites dans la conscience par le Maître intérieur, la Vérité-même. La prophétie de Jérémie se termine par l'assurance du pardon divin. Car seul le cœur qui a fait l'expérience du pardon devient capable de connaître le Seigneur.
Nous sommes appelés à la vie, non seulement lors de notre conception, mais chaque jour de notre histoire. Nous avons un nom, une physionomie propre, nous appartenons à un groupe au sein duquel une tâche nous a été confiée. Notre identité se façonne, à chaque fois que nous saisissons la vie d’Alliance qui nous est offerte. Notre identité se décline au présent. Si nous sommes attentifs, si nous nous abandonnons sans réserve à la vie, nous découvrons le fondement sur lequel nous reposons : l'amour de Jésus qui nous enveloppe.
Nous ne pouvons pas accueillir la vie, ce don de Dieu, une fois pour toutes. Cela se renouvèle tout au long de notre vie. C’est pour cela qu’il est parlé d’une Alliance « nouvelle et éternelle ». Trop souvent, nous pensons pouvoir nous suffire à nous-mêmes. Nous sommes déjà en vie et nous ne pensons plus avoir besoin d’être sauvés par quelqu’un. Mais le Don du Père, qui nous est transmis par ses messagers, dépasse nos pauvres capacités. De petits fragments de la « Vie Nouvelle » doivent être accueillis humblement chaque jour.
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