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Espérance sûre

Padre Damiano Puccini

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Esperance Sure

La Semaine Sainte commence. A travers les lectures de la liturgie de ce jour, nous regardons Jésus, particulièrement dans ce texte du prophète Isaïe, non pas comme un étranger dont nous découvririons l'histoire, mais comme un événement qui se réalise aujourd'hui.

Imaginons-nous un homme qui a, pour seule loi, l'amour des autres. Un amour prêt à se livrer totalement. Laissons cet homme se déplacer à son gré : sur nos places, dans nos banques, sous notre toit... Laissons-le parler et confrontons-le à nos contemporains. Que se passerait-il ? Cet homme serait expulsé de partout, chassé unanimement. Tous diraient : "C'est un fou ! Cet homme blasphème !" Un tel homme ne pourrait adopter nos manières de vivre, ni comprendre nos comportements! Il resterait un étranger et ne serait accepté que parmi les désespérés qui, étant exclus de la société, sont plus ouverts à la nouveauté. Car ces derniers sont moins portés au jugement critique et acceptent davantage ceux qui sont considérés comme "hors normes" par les gens du commun.

Cet homme hypothétique se nomme Jésus. Parfois nous oublions que le vrai miracle, c'est le Royaume de Dieu, où vivre et mourir consistent en un geste d'amour pour les autres ! Connaître Jésus est donc un "savoir-vivre" qui nous met en marche vers la sainteté.

La première lecture est tirée des écrits d'un disciple du premier Isaïe, qui vit durant la période de l'exil à Babylone. Malgré sa condition d’exilé et une existence méprisée, humiliée, il espère toujours en Dieu.

Peu avant ce passage, au chapitre précédent, il a comparé Dieu à une mère qui s'occupe de ses enfants. La libération des exilés est présentée comme une nouvelle naissance et le Seigneur à une femme dans les douleurs de l'accouchement. Nous pouvons admirer ce passage de l’image d'un Dieu tout-puissant et guerrier, à celle d’un Dieu maternel qui souffre pour son peuple.

Nous lisons, ce dimanche, le troisième poème du "Serviteur du Seigneur". L'auteur se donne le titre de "Serviteur" qui rappelle l'appartenance d'un esclave à son maître. Le maître avait le droit de percer l'oreille de celui qui s'était engagé à devenir son disciple pour toute la vie.

Ce n'est que de cette relation d'appartenance intime, mutuelle et profonde entre le serviteur-disciple et le Seigneur que peut naître la force d’adresser une parole de réconfort au découragé, à celui qui est sévèrement éprouvé par la vie et qui traverse de graves tragédies ou diverses maladies. Dans de telles situations, nulle sagesse n’est capable de réconforter, sinon la sagesse de Dieu.

Mais la mission du Serviteur n'est pas comprise et son appartenance au Seigneur génère de la souffrance dans tout son être. Malgré tout, le Serviteur réagit avec une fermeté inébranlable face aux insultes les plus graves et les plus cruelles. "J’ai présenté mon dos aux flagellateurs". Ces coups de fouet étaient réservés aux « idiots » et aux bêtes. Mais le Serviteur réagit avec une douceur extraordinaire : il ne riposte pas, ne menace pas, ne maudit pas. Le secret de sa force est qu'il compte sur l'aide du Seigneur et qu'il est certain que le Seigneur ne l'abandonnera pas : "Le Seigneur Dieu m'assiste, pour cela je n'ai pas honte".

De notre point de vue humain, nous serions enclins à penser que l'assistance du Seigneur va se manifester en épargnant son serviteur, en le préservant des épreuves les plus dures. Mais ce n'est pas la logique de Dieu. Le secours divin est d'autant plus manifeste qu’il nous donne le courage de traverser les situations les plus difficiles sans que notre confiance ne soit jamais ébranlée. Car notre espérance et l'amour du Seigneur sont plus forts que le Mal qui nous entoure.


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