Eveilleur de conscience

La première lecture est extraite du livre du prophète Jérémie. Dans ce texte, Dieu s’en prend aux dirigeants d’Israël qui vivent dans l’insouciance que leur procurent leurs privilèges sans s’occuper du peuple qui souffre. Il leur rappelle que la charge qu’ils ont reçue est une mission et non un pouvoir. Leurs devoirs fondamentaux de bergers sont de veiller sur le troupeau et de le garder sain et sauf, de le faire progresser et de lui montrer le chemin du vrai bonheur.

Et il dénonce avec sévérité ceux qui ont failli à leurs devoirs se rendant responsables de la perte de brebis qui sont allées chercher ailleurs d’autres bergers plus à l’écoute, plus compréhensifs, plus pédagogues… Ou bien des bergers séduisants mais trompeurs. A cause de tels bergers, de nombreuses brebis ont été dispersées, d'autres ont été « chassées et vous ne vous en souciez pas ».

Dieu est à l’œuvre dans l’histoire et quand il s’avère nécessaire de secouer l’inertie des cœurs appesantis dans le conformisme, l’individualisme, le consumérisme… pour retrouver le chemin de la justice et de la charité, il suscite des éveilleurs de conscience. Ici c’est le prophète Jérémie, saisi par Dieu qui lui a communiqué son amour jaloux pour Israël et sa colère à cause du péché. Il annoncera la « nouvelle alliance ».

Dans l'Ancien Testament, il n'y a pas de lien entre la figure du berger et l'enseignement, cependant il y a un lien, souvent souligné, entre la parole et la nourriture, surtout en ce qui concerne la Sagesse. Comme au temps de Jérémie, les foules affluent là où elles espèrent trouver de vrais pâturages et une vraie paix.
Jésus est le berger modèle qui rassemble, instruit et nourrit le troupeau. Pour nous, qui faisons partie de ce nouveau peuple de Dieu, sommes-nous toujours « affamés » de sa Parole ? Il s'agit de se demander, honnêtement, si nous avons le goût de cette Parole. Cette prophétie d'Amos est toujours d’actualité: "Voici, les jours viendront, dit le Seigneur Dieu, où j'enverrai la faim dans le pays, non pas la faim de pain, ni la soif d'eau, mais d'entendre la parole du Seigneur" (Am 8, 11).