Souffrance et mission

Aujourd'hui, posons-nous cette question : pourquoi les justes sont-ils persécutés ? La première lecture nous livre ce message : les justes, à cause des méchants, doivent s'attendre à la persécution et même à la mort.

Le chapitre 2 du livre de la Sagesse mentionne cette réaction très commune face à un homme intègre : "Il nous embarrasse, il nous dérange par sa présence même, éliminons-le ; s'il est juste, si c’est un enfant de Dieu, alors Lui-même le protégera. Testons-le, condamnons-le à une mort infâme et voyons ce qui se passe". Le texte de la Sagesse, écrit entre 50 et 80 ans avant Jésus-Christ, ne faisait pas immédiatement référence au Messie, mais simplement au "juste" qui, à cette époque, était considéré comme un "fils de Dieu".

Les premiers chrétiens, en lisant ce passage de la Sagesse, avaient une clé pour comprendre la Pâque de Jésus, ses choix, sa fidélité à l'annonce de l'Évangile dans une situation de rejet présentant un risque mortel. Telle était leur propre situation.

Les justes sont ceux qui accueillent la Parole de Dieu. Cela est vrai pour tous les peuples, pour toute l'humanité et pour toutes les cultures. Avec Jésus commence la phase de la Nouvelle Alliance, qui est le paradigme de la filiation, pour laquelle nous sommes appelés à devenir Fils de Dieu en Lui.

Il ne faut pas penser que la souffrance est un test de la part de Dieu : il nous connaît et n'a besoin d'aucun examen ! Mais la souffrance et l’ingratitude vont renforcer notre persévérance dans le bien. Ce qui est important pour nous, c'est de comprendre que même les formes de persécution, d'incompréhension, lorsqu'elles naissent du bien que nous faisons, lorsqu'elles surgissent de la volonté de révéler l'amour de Dieu, ne sont pas quelque chose qui s'ajoute de l'extérieur, cela fait partie intégrante de la mission.

Le livre de la Sagesse nous demande de marcher dans le sens du bien, de l'amour de Dieu, c'est pourquoi il faut toujours se demander quelles sont les raisons profondes de nos choix, même quand on fait le bien. Est-ce que nous voulons vraiment répandre le don de Dieu, son Amour, communiquer la force de la vie aux autres ? Ou bien voulons-nous seulement paraître, dominer les autres, grandir en autorité, faire carrière ? Si nos motivations sont telles en faisant le bien, nous ne grandissons pas en tant qu'enfants de Dieu, nous faisons le mal ! Ce qui compte, c'est le message de vie que nous transmettons, la force que nous communiquons aux autres : ce qui élève l'humanité. Le reste passe, tout disparaît, même les difficultés et les persécutions.