ImprimerEnvoyer

Kippour ou divine expiation

Padre Damiano Puccini

Changer taille:

Kippour Ou Divine Expiation

La première lecture de ce dimanche s'inspire des rites d'expiation juifs décrits dans le livre du Lévitique. Les victimes sacrificielles ont été immolées par le souverain sacrificateur pour ses péchés et ceux du peuple. Dans ce texte, on retrouve des termes tels que "rançon", "expiation" qui, à travers toute l'Histoire jusqu’à aujourd'hui, ont suscité des interprétations complètement erronées de l'expérience de Jésus et de sa fidélité.

Ce texte, tiré du quatrième Poème du Serviteur, parle d'un homme juste qui "offre sa vie en expiation" et qui, pour cela, verra la lumière. Mais le terme actuel d’expiation a un sens complètement différent de celui qu'avait alors le terme hébreu "kippour". En effet, aujourd'hui, quand on dit "expiation", on pense à quelqu'un qui paie le prix d'une faute, alors qu'en hébreu "kippour" signifie "Dieu purifie les péchés des hommes". Le dynamisme est donc exactement contraire.

Quand nous disons que Jésus a offert sa vie en expiation, nous interprétons facilement cela comme si Jésus offrait quelque chose à Dieu le Père pour apaiser sa colère ou pour satisfaire ses exigences de justice. De cette façon, nous déformons complètement l'enseignement de Jésus qui nous a révélé que Dieu offre le pardon gratuitement, sans rien demander aux hommes : c’est l'action de Dieu qui purifie les hommes de leur péché, en révélant son amour miséricordieux. Cette révélation a lieu à travers Jésus : le Messie a ainsi exercé le pardon et la miséricorde. Le Christ, le serviteur souffrant, se propose de devenir lui-même une offrande et une victime, car "il a supporté nos souffrances" par amour pour les hommes.

Faisons attention de ne pas falsifier complètement l'expérience chrétienne, et aussi la célébration eucharistique, en l'interprétant comme quelque chose que nous devons offrir à Dieu pour expier nos péchés, alors qu'elle est l'offrande que Dieu nous fait, par le Christ, de son amour et de sa miséricorde. Il nous est donc demandé de nous mettre dans une attitude de totale dépendance envers Dieu, d’accueillir son action qui s'épanouit alors en nous comme un don pour nos frères, c'est-à-dire que nous nous mettons à leur service, à l'exemple de Jésus.

Toujours dans le prophète Isaïe nous lisons : "L'Eternel a voulu le briser par la souffrance" mais Dieu ne prend pas plaisir à voir son serviteur souffrir : ce serait une déformation monstrueuse de l'image de Dieu! L'idée est plutôt qu'il y a un plan de salut et de justification qui passe par la croix, dans lequel Dieu est résolument engagé et auquel le serviteur se conforme. Ce n'est donc pas la souffrance que Dieu veut, mais le salut qui implique le don de soi et l’adhésion confiante à son plan. Le serviteur s'offre en expiation, avec toute sa libre volonté, pour sauver et révéler l’amour miséricordieux.

Toute personne baptisée dans le Christ doit s'offrir volontairement à Dieu en sacrifice expiatoire pour ses propres péchés et ceux de ses frères.


Powered by Web Agency