ImprimerEnvoyer

Lecture de l'Icône de la Dormition

Lecture des icônes

Changer taille:

Lecture De Licone De La Dormition

Tver - Icône russe du 15ème siècle

Remarquer la composition en croix : un axe horizontal (sur la couche mortuaire, le corps étendu de Marie) et un axe vertical (le Christ en Majesté), axe prolongé par les cercles concentriques en haut de l’icône, au centre desquels est assise Marie.

Nous connaissons deux icônes où Marie est allongée sur une couche pourpre : celle de la Nativité, pour donner la vie à Celui qui est la Source de Vie ; celle de la Dormition, c’est-à-dire celle de l’accomplissement de sa naissance à Celui qui est la Source de Vie.

L’icône de la Dormition trois fois nous donne à contempler la Mère de Dieu :
Marie étendue sur la couche mortuaire ; Marie portée comme sur un trône dans les mains de son Fils et son Dieu ; Marie assise au centre des cercles concentriques, se reposant au cœur de présence trinitaire...

Au premier plan de l’icône, nous voyons la Toute-Sainte couchée sur sa couche mortuaire entourée des apôtres la contemplant tristement, de saintes femmes et de deux évêques.
Cette assemblée ainsi constituée a l’allure d’une veillée funèbre, les participants montrent des signes de tristesse, certains portent la main à la joue avec douleur :
Un caractère liturgique est discrètement évoqué : (en certaines icônes des cierges sont allumés), l’encensement, les évêques lisant le rituel, le dernier baiser donné au cops de la défunte...
L’apôtre Pierre encense, en face de lui se tient l’apôtre Paul. Au fond, deux bâtiments figurant Sion, peut-être le Cénacle, où la Toute-Bénie s’est endormie.

La Vierge Marie, la Servante de son Dieu est étendue paisiblement sur la couche pourpre, sur la couche royale, la tête nimbée, les yeux clos, les mains croisées sur le cœur : "Je dors mais mon cœur veille."
Derrière Marie se tient, revêtu d’or, le Christ Seigneur en majesté ; tourné vers nous, il nous regarde et porte entre ses mains sa Mère, sous la forme d’un petit enfant. Le Seigneur, dans sa mandorle, est entouré des anges qui l’accompagnent.

Au deuxième plan, nous voyons les apôtres arrivant des confins de la terre, miraculeusement rassemblés et guidés par les anges vers la couche royale. En effet, une tradition, reprise dans les hymnes liturgiques de la Fête, nous dit que les Apôtres étaient miraculeusement présents à cet événement, à l’exception de Thomas qui serait arrivé peu de jours après ; désirant la voir une dernière fois, il convainc les autres apôtres d’ouvrir la tombe. La tombe ouverte, les apôtres découvrirent que son corps avait disparu.
Plus haut, nous pouvons contempler la Pleine de grâce, dans son corps, emportée au paradis par les anges. Assise au sein des cercles concentriques de la Présence trinitaire, se re-pose la Reine des cieux : " La Reine est conduite au-dedans vers le Roi." Ps 45

Marie

Portée par le Fils...
Nous voyons habituellement dans les icônes, la Vierge Marie portant son fils, ici le Fils porte sa Mère sous la forme d’un nouveau-né : Elle entre dans le Royaume, la Toute pure, comme l’enfant du Père. Son titre de gloire, c’est son entière disponibilité à la Parole : " Qu’il m’advienne selon ta parole."
En elle la Parole a pris chair, aujourd’hui Celui auquel elle a donné son humanité la porte et l’introduit avec son corps dans la Joie du Père.

Mains croisées...
"Je suis la servante du Seigneur" : Le travail est achevé, toute l’œuvre que le Père a confiée au Fils est achevée une fois pour toutes, pour tous les hommes et nous voyons, en cette exaltation de Marie, que cette œuvre s’actualise en elle singulièrement... En elle la Parole accomplit sa course.

Yeux clos...
Sa vie terrestre fut re-mise absolue d’elle-même au Souffle de l’Esprit, à Celui qui l’avait prise sous son Ombre, sous sa Mouvance. Aujourd’hui, Marie s’est endormie, elle a remis son esprit entre les mains de son Fils en un consentement ineffable.

Visage d’Eternité...
Elle qui avait donné un visage au Fils du Père, reçoit de Lui son Visage d’Eternité : elle naît au Père. Elle atteint la ressemblance par le passage ultime, celui qu’a ouvert une fois pour toutes le Serviteur, le passage de la mort à la vie.

Le Christ Seigneur

Debout, victorieux...
Avec l’assurance de l’Amour vainqueur de la corruption, il vient, escorté des chœurs angéliques : il a achevé son œuvre. (Dans certaines icônes, ses manches sont relevées). Voici son chef-d’œuvre : La Vierge-Mère, l’Epouse inépousée, la Fille du Père !

Le Trône et le Médiateur...
Le Fils est le trône sur lequel elle est offerte au Père : "Père, ton Salut le comble d’allégresse, tu lui as accordé le désir de son Cœur" Ps 23,44
Le Christ est le Centre et l’Axe de toute l’icône, il la soutient toute entière et il en est l’Elan : C’est lui le Passage, notre Pâque, le Berger de nos âmes.
Entre ciel et terre, il est l’Unique Médiateur, le Chemin : "Nul ne va au Père que par lui"
La Vierge a donné le Christ au monde. Le Christ la donne au Père...

Une assemblée

La veillée funéraire dont il a été question plus haut, prend alors à nos regards fixés sur le Christ Sauveur, une allure de joyeuse liturgie pascale :
"La Vierge Marie repose sur une couche royale, entourée des Apôtres venus des quatre coins de l’horizon voir comment "passe de la vie à la Vie" celle qui a enfanté le maitre de la Vie." Michel Quenot

Les deux chefs des apôtres Pierre et Paul "sont mis en relief comme s’ils constituaient la proue et la poupe du navire céleste, constituée par le corps de la Vierge et dont le mât serait le Christ, le navire céleste, l’Église, qui nous mène au port de la vie, au port du salut, au port de notre sanctification."

C’est le début de l’Entrée au Ciel de l’Eglise : La Vierge-Eglise, entre au ciel comme un enfant Nouveau-né porté par l’Epoux, le Premier-né d’entre les morts.

Notre naissance

Durant le temps liturgique de la Pentecôte, après la Fête de la Transfiguration, celle de la Dormition nous dit que la Gloire du Fils est proposée aux enfants du Père. L’Esprit qui a uni la divinité à la chair de Marie nous manifeste, en cet événement de la Dormition, qu’aujourd’hui, il unit notre mortelle humanité à la divine humanité du Fils.
La Vierge Marie nous précède. Elle anticipe. Elle est l’icône de notre nouvelle Naissance.

"Nous avons sous les yeux le symbole de ce que devrait être la dormition de chaque disciple du Christ: passage du corps physique au corps spirituel, du monde encore sous l’emprise des ténèbres à la lumière sans couchant, passage enfin d’une vision voilée à une vision face à Face."

Le chemin ? Celui qu’indique l’icône en trois mouvements !
L’abandon, la mort à soi-même, celle de chaque jour, celle du grain de blé jusqu’à celle de la mort corporelle...
L’abandon confiant de l’enfant, du pauvre, entre les mains du Christ vainqueur de la Mort...
Alors, à en l’ouverture de ce précaire instant présent, vient le Souffle Saint qui, de commencement en commencement, nous introduit dans le Sein du Père pour que mystérieusement, dans la foi, nous participions à la Joie des anges et des saints, à la Danse de l’Amour trinitaire, Celle pour laquelle nous avons été désirés par le Père...


Powered by Web Agency