En 549 avant JC, depuis environ 40 ans, les Juifs déportés s'étaient installés à Babylone. Malgré le charme de la grande métropole, le cœur des exilés débordait de nostalgie pour la lointaine Jérusalem: quand le Seigneur déciderait-il de les libérer? Mais un jour, de porte en porte, des messages clandestins circulent dans la colonie juive: ils annoncent la fin de l'esclavage et que Dieu aurait parlé au cœur de Jérusalem pour les consoler.
Isaïe - forcé d’assister pendant de nombreuses années aux processions qui avaient lieu à Babylone - annonce que le Peuple devra préparer de même un chemin sacré, aplani et droit, sur lequel il pourra marcher, guidé par le Seigneur. L'âme du Peuple est comme un terrain accidenté par les souffrances, les déceptions, les infidélités. Mais le Seigneur, puissant et attentionné, porte les nouveau-nés dans ses bras et avance lentement, par égard pour ceux qui ne peuvent marcher rapidement. L'intervention divine ne se modèlera pas sur les triomphes des vainqueurs, mais sa force se révélera dans le profond respect de la liberté humaine.
Demandons-nous si nous pouvons, à notre tour, indiquer à notre société blessée un chemin de libération de la souffrance. Isaïe s'adresse à un peuple qui a perdu confiance, qui estime que les promesses divines n'ont pas été tenues, que rien n'a changé dans l'Histoire. Ne sommes-nous pas les mêmes ? Dieu vient, mais nous ne remarquons rien! Il faut escalader les ravins de l'indifférence, aplanir les hauteurs de l'arrogance, se laisser consoler par Dieu, qui se place du côté des perdants et de ceux qui luttent: Dieu est de notre côté !
L'Avent prépare la venue, l'incarnation de Dieu. Nous disons en paroles attendre cet Avènement mais, soyons honnêtes, chacun de nous attend son propre avènement. Chacun de nous se croit au centre de la réalité, se prend pour l’architecte de sa vie. Loin de nous exciter toujours, la Bonne Nouvelle nous laisse souvent indifférents et sceptiques. Où est la puissance du Seigneur? Où est l'efficacité de sa Parole? En réalité, nous attendons d'autres sortes de nouvelles, aux effets bien concrets : la sécurité sociale, le bien-être assuré, la défense des droits acquis, la réussite en affaires, une promotion au travail, une performance boursière...
Le prophète n'a pas de programme politique, il se soucie plutôt des conditions morales et spirituelles qui peuvent humaniser la politique et l’économie. Dieu n'intervient pas directement pour remettre les choses en ordre, il propose plutôt à la conscience de l'homme les orientations nécessaires et il lui donne la force pour intervenir et changer l’ordre des choses.
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