Chers pères "vagabonds" de ce siècle.
Nos lamentations réitérées, et nos revendications, parfois vindicatives, de mères de familles devant "l'absentéisme familial" auquel vous êtes professionnellement contraints - ou quelquefois il est vrai enclins - m'ont incitée à faire mon propre examen de conscience. Mon expérience de 30 années de bonheur de "mère au foyer" me conduit à "passer à des aveux complets" sur des joies que vous, pères si souvent absents, vous semblez ignorer. Certaines sont inavouables, mais j'ai décidé d'aller au bout de mes aveux, et je commencerai donc par celles-ci.
Vous n'avez jamais eu le temps, bien sûr, de vous voir à la veille d'une rentrée scolaire, investir le magasin de chaussures, étaler fièrement sous le nez de la vendeuse 12 sandales éculées, et demander à haute voix :" Une paire de chaussures pour les 2 aînés, mais du solide qui fasse les 6 !" Quant aux enfants, ils ont appris depuis longtemps la leçon de sagesse dédaigneuse à donner à "l'affreux jojo" qui escalade les banquettes, et dont la mère tente en vain de satisfaire tous les caprices en faisant déballer tout le magasin ! Vous rentrerez à la maison, chers pères, au moment où la sarabande des 6 "chérubins" nous fait savoir l'exact prix de la dite leçon ! Qu'importe votre emportement, notre fierté n'a pas de prix !