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Premier reproche

Bertrand Lemaire

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Premier Reproche

Au cours de notre entretien, j’ai commencé par lui ouvrir mon cœur à propos de tout ce que j’avais à redire sur sa conduite et ses manières !

Je lui demandai quel était son dessein et s’il espérait trouver un jour des gens désireux de le suivre dans la vie qu’il menait ! J’ai souligné combien une vie si pauvre, si dure, si abandonnée à la Providence était envisageable pour les apôtres, pour des hommes d’une force, d’une grâce et d’une vertu rare ou pour des hommes extraordinaires comme lui, qui en avait l’attrait et la grâce. Mais il n’en est pas de même pour le commun des mortels qui ne pouvait atteindre une telle hauteur et ce serait faire œuvre de témérité que de vouloir le tenter.

S’il désirait vraiment s’associer à d’autres ecclésiastiques pour partager ses desseins et ses travaux, il devait accepter soit de rabattre la rigueur de sa vie et la sublimité de ses pratiques de perfection pour condescendre à leur faiblesse et se conformer à leur genre de vie ordinaire, soit les élever à la sienne par l’infusion de sa grâce et de ses attraits si parfaits.

Première réponse
Pour toute réponse il me présenta son livre du « Nouveau testament » et me demanda si je trouvais à redire à ce que Jésus Christ a pratiqué et enseigné.

M’était-il possible de lui montrer une vie aussi semblable à la sienne et à celle des apôtres, qu’une vie pauvre, mortifiée et fondée sur l’abandon à la Providence ?

Il n’avait, quant à lui, point d’autre désir que de la suivre et d’autres desseins que d’y persévérer ; que si Dieu voulait l’unir à quelques bons ecclésiastiques, dans ce genre de vie, il en serait ravi, mais que c’était l’affaire de Dieu et non la sienne. Pour ce qui le regardait, il n’avait pas d’autre parti à prendre que celui de l’Evangile et de marcher sur les traces de Jésus-Christ et de ses disciples : « Que pouvez-vous me dire contre cela, ajouta-t-il, Ai-je tort ? »

« Ceux qui ne veulent pas me suivre peuvent choisir une autre voie moins laborieuse et moins épineuse et je l’approuve ! De même qu’il y a plusieurs demeures dans la maison du Père céleste, de même il y a aussi plusieurs voies pour aller à lui. Je les laisse marcher dans la leur. Laissez-moi marcher dans la mienne, d’autant plus que vous ne pouvez pas lui contester l’avantage d’être celle que Jésus Christ a enseigné par son exemple et par ses conseils, qu’elle est, par conséquent, la plus courte, la plus sûre et la plus parfaite pour aller à lui » .

M’ayant ainsi « clos le bec » sur ce point, il ne tarda pas à me le « clore » à nouveau sur le point suivant ! (Extraits du livre « En haute mer »)


 

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