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CATÉCHISTE TOUS AZIMUTS...

Bertrand Lemaire

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Catéchiste tous azimuts

En vue de votre formation, y avait-il quelques travaux pratiques pour vous mettre en contact avec de futurs paroissiens ?

Bien sûr ! Pour les plus jeunes par exemple : j’avais une passion que j’ai conservée toute ma vie, c’était de faire le catéchisme aux enfants mais aussi aux infirmes, aux malades, aux pauvres, aux domestiques, aux laquais, aux ramoneurs, dont beaucoup ne savaient même pas lire. J’aimais beaucoup saisir leur attention pour toucher leur cœur. Je terminais la partie enseignement par une exhortation, beaucoup pleuraient et cherchaient ensuite à mettre leur foi en pratique. Sur la paroisse de saint Sulpice nous étions 14 séminaristes pour faire le catéchisme.

Votre succès ne suscitait-il pas quelques jalousies ?

Ce fut le lot de ma vie comme pour tout disciple de Jésus ! Certains de mes confrères séminaristes décidèrent un jour de contredire ce qui se disait de bien sur mon compte. Ils désiraient relativiser par leur témoignage direct cette légende qui courait partout. Un matin ils s’introduisent discrètement au fond de la salle où je devais faire mon catéchisme, ils avaient du mal à se dissimuler derrière les enfants et déjà ils ricanaient en pensant au témoignage qu’ils pourraient donner à la fin du cours. Je fis comme si de rien n’était. Je désirais toucher les cœurs de ceux à qui je devais annoncer la « bonne nouvelle ». J’avais des personnes de tous les âges, de toutes conditions, de toutes provenances. Dans une atmosphère de foi et de piété, j’exposais les points de doctrine ainsi que les applications qui pouvaient accrocher leur conscience pour apporter une réponse à leurs problèmes de vie.

Quelles réactions de la part de vos détracteurs ?

Ce jour-là le sujet était particulièrement grave ! Il s’agissait de la mort, du jugement et même de l’enfer. Un silence impressionnant régnait et les larmes coulaient non seulement dans l’auditoire habituel mais aussi sur les joues de mes confrères séminaristes venus pour se moquer. Je reconnais que le ciel m’avait donné un charisme particulier pour faire le catéchisme. Au terme de mes nombreuses missions, j’ai remarqué qu’il était plus difficile de trouver un bon catéchiste qu’un parfait prédicateur.

La Vierge Marie était-elle particulièrement honorée au séminaire de saint Sulpice ?

Commençons d’abord par la paroisse : chacun des 8 quartiers portait le nom d’un mystère marial. Pour le séminaire, il avait été consacré à la Vierge à l’occasion d’un pèlerinage à Chartres et quand il fut bâti on déposa dans ses fondations une médaille en lui donnant le titre de « Marie Reine et fondatrice de la maison ». On apprenait aux séminaristes à vivre sous sa protection pour se préparer à devenir des Christ vivants au milieu du peuple chrétien. Notre prière quotidienne était : « O Jésus vivant en Marie, venez et vivez en vos serviteurs ».

Etes-vous allé vous-même en pèlerinage à Chartres ?

Chaque année deux séminaristes étaient désignés pour s’y rendre à pied. Ce fut mon tour au cours de l’été 1699. Tantôt en silence, tantôt en chantant les psaumes, nous avons parcouru cette longue route. J’ai marqué quelques « stop » pour parler de Marie aux moissonneurs dans cette vaste plaine beauceronne. Nous couchions dans des granges et mendions notre pain. Nous sommes arrivés en fin de journée pour prier auprès de Notre Dame sous terre. Le sacristain nous y a retrouvés au moment où il fermait les portes à clef. Le lendemain il s’est écoulé près de huit heures pendant ma conversation avec Marie. C’est mon confrère, un peu impatient, qui est venu y mettre un terme. (Extraits du livre « En haute mer »)


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