Il y a quelques mois le Père Abbé étant absent, je suis allé le remplacer au monastère des moniales non loin d’ici où j’ai célébré la messe et aussitôt après, l’abbesse me dit : « Il y a une moniale qui est vraiment très mal, le médecin pense qu’elle n’a plus longtemps à vivre et on va dire les prières pour les agonisants la recommandant à Dieu, si vous voulez venir ».
Donc j’arrive, elle était sur le dos les yeux bien ouverts et très présente et je me penche vers elle pour lui dire quelque chose car dans ces moments-là c’est quand même un peu émouvant, je lui dis simplement la parole de l’apocalypse : « Ma sœur, le Seigneur est proche », elle écarquille les yeux et me dit : « Tant mieux » ! J’ai compris ce qu‘était une personne baptisée qui arrive à la fin de sa vie et d’une vie réussie. Le Seigneur est proche donc « le Père » va arriver et elle est détachée de tout ! On sentait qu’elle n’avait plus d’autre désir que celui de voir Dieu (Elle avait 90 ans).
Eh bien, Marie l’avait conduite et progressivement lui avait montré qu’il n’y avait pas d’autre vraie joie stable que celle de dépendre intérieurement du Père. J’insiste sur ce mot intérieurement car dans le « traité de la vraie dévotion », saint Louis Marie dit : « Un bon nombre se consacreront à Marie, un certain nombre y progresseront mais très peu iront jusqu’au bout parce que c’est un chemin intérieur ».
Cette dépendance de la conscience et de la volonté se limite malheureusement trop souvent à des pratiques extérieures ou à des formules, alors que la grâce du baptême, comme chez cette religieuse, veut envahir vraiment mon cœur afin qu’il devienne un cœur totalement filial.
C’est Marie qui m’apprend dans le quotidien à accueillir les choses les plus banales, en remarquant qu’à travers le balayage, l’aide à un vieux frère qui perd la tête, à travers le soin d’un enfant pour une mère de famille, il y a toujours, dans le cœur, une invitation secrète à aimer. (Extraits du livre « En haute mer »)
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