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MONDAINS ! S’ABSTENIR …

Bertrand Lemaire

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MONDAINS S’ABSTENIR

Vous semblez particulièrement allergique aux soirées mondaines et à certaines danses.

Il est vrai que je constate souvent combien l’ambiance de ces soirées est une cause importante de tomber dans le péché pour beaucoup de jeunes.

Citons l’exemple de la paroisse de Moncontour. J’y arrive un dimanche matin pour y célébrer la messe. Je découvre un grand nombre de jeunes, garçons et filles, dansant frénétiquement au son des binious sur la place de l’Eglise en attendant l’heure de la célébration. Indigné de tant de légèreté, je pénètre hardiment dans le groupe, arrache aux ménestrels leurs instruments et me jetant à genoux je m’écris : « Que ceux qui sont du parti de Dieu se prosternent avec moi pour réparer l’outrage qui lui est fait ». Plus foufous que méchants, quelques-uns s’agenouillent mais d’autres ricanent et frondent. Me relevant je les admoneste avec autorité. Je condamne avec tant de véhémence cette profanation du jour du Seigneur que tous se dispersent, penauds et l’âme bouleversée. De ce pas je vais demander au maire du village de prendre des mesures pour que de telles scènes ne se reproduisent plus.

Y a-t-il eu une suite à cet incident ?

La population de Moncontour était commerçante et aisée. Les jeunes filles ne pensaient qu’à la recherche de parures jusqu’au manque de décence. Une leçon de modestie s’imposait …J’y trouve l’occasion un jour où l’assistance à la messe était nombreuse. ! A la fin de l’office j’ai proposé la vénération de mon crucifix béni par le Pape. Les jeunes filles s’avancent avec empressement, encadrées par les sœurs qui font leur éducation. Mais à toutes celles qui sont vêtues de façon indécente, je refuse de présenter le crucifix et j’en fais de même pour les sœurs qui n’ont pas eu le courage de corriger cette déviance chez les élèves qui leur étaient confiées.

L’humiliation est si profondément ressentie que je m’en explique clairement séance tenante et la leçon n’a pas été oubliée de sitôt. Plusieurs prêtres ont trouvé trop hardis mes procédés, probablement un peu jaloux de voir mon influence auprès de la foule.

Que pensait de votre attitude monsieur Leudurger, ce missionnaire que vous aviez rejoint ?

C’est justement au cours de cette mission à Moncontour que prêcha monsieur Leudurger. A la sortie de l’Eglise, je prends l’initiative de faire une quête pour célébrer des messes à l’intention des âmes du purgatoire. Cela lui déplut profondément et il me déclara ne plus vouloir travailler avec moi, mettant ainsi un terme à une étroite collaboration qui a duré neuf mois.

Une fois de plus, vers où allez-vous vous diriger ?

A quelque distance de mon pays natal se trouvait un ermitage abandonné, l’ancien prieuré de saint Lazare. J’y trouve refuge avec deux frères et ensemble nous prions comme des moines. Les gens ne tardent pas à venir nombreux de toute la région. Un jour vint à passer l’évêque, informé par des opposants à mon ministère. Il me convoque et me donne l’ordre de ne plus exercer aucun ministère dans son diocèse (mon propre diocèse d’origine).

Je décide alors d’aller vers d’autres horizons, après avoir confié à une femme le soin de perpétuer l’habitude de réciter quotidiennement le chapelet à saint Lazare. Elle accomplit cette dévotion jusqu’à sa mort vingt ans après. (Extraits du livre « En haute mer »)


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