Le triomphe de la gratuité

La liturgie de ce dimanche, dans la première lecture, nous présente la figure d'un étranger capable de reconnaissance, fruit de sa grande foi. Cet homme est guéri,non seulement à l'extérieur, mais également à l'intérieur.

En réalité Naaman, le Syrien, n'est pas simplement un étranger: c’est aussi (et surtout) un ennemi! Au début du chapitre, duquel est tiré le passage que nous avons entendu, le texte dit que Naaman est un haut représentant de l'armée araméenne qui a fait prisonnière une jeune fille d'Israël. Qui est donc est cet homme miraculeusement guéri de la lèpre? C’est un guerrier, le grand général des armées. C’est un homme habitué au sang, dont la guerre a pétrifié le cœur.

D’après les paroles qu'il prononce, Naaman est sauvé, guéri, changé à l'intérieur : il a été touché par la douceur, la tendresse et la gratitude. Il a été guéri et il veut faire un cadeau, une offrande. La réponse du prophète Élisée est très remarquable : il lui dit que ce n’est pas ainsi qu’il faut se comporter, que cela ne fonctionne pas de cette façon avec Dieu, parce que cette guérison, la guérison d’un étranger ennemi, doit être le triomphe de la gratuité. Et Naaman comprend, il est guéri. Lui, le grand général habitué à envahir le pays, veut maintenant charger sur son mulet un peu de la terre de ce pays du miracle, pour pouvoir remercier, même depuis sa patrie, le Dieu d'Israël. La terre que Naaman emporte avec lui devient l’image de sa fidélité.

Autre détail intéressant dans l'histoire de Naaman: son acte de foi est aussi une annonce. Il retourne chez Élisée avec tous ses partisans, avec toute la caravane; et c'est en présence de nombreuses personnes qu'il adhère au Dieu d'Israël. Il dit publiquement,et non pas en privé : "Je crois", pour proclamer devant les autres que quelque chose a changé sa vie.

Voici que le cheminement de Naaman nous démontre la nécessité de descendre, de se débarrasser de notre grandeur, de notre pouvoir, pour redécouvrir, avec la simplicité des enfants, la vérité et pour se tenir prêts à commencer un nouveau chemin.