Pourquoi?

Dans la première lecture, le prophète Habakuk se sent perdu face à cette question majeure : "Pourquoi le Seigneur reste-t-il spectateur devant l'oppression ? Est-il alors encore possible de croire?". Combien de fois nous sommes-nous aussi retrouvés dans cette même perplexité ! Habakuk est découragé. Le petit peuple israélien, obstiné, doit constamment lutter pour survivre contre les puissances qui l'assiègent.

Mais la réponse de Dieu est une invitation, pour Habakuk et Israël, à garder la foi, à faire confiance. Dieu ne promet pas des solutions, mais il demande plutôt le courage d'adopter une nouvelle mentalité, pour savoir comment coexister avec le scandale du mal, tout en en faisant une occasion de conversion radicale. Ceux qui acceptent la logique évangélique trouvent la force de vivre même dans un milieu marqué par les scandales. En fait, ils savent que le Seigneur construit son Royaume jusque dans les situations les plus défavorables, qui semblent impossibles, c'est-à-dire dans un monde d'égoïsme, d'indifférence et de violence.

Cette certitude est décisive pour nous arracher au découragement et à l'inertie. Il s’agit de grandir dans la foi, de vivre un véritable abandon: placer sa confiance dans le pouvoir du Tout-puissant, qui est avant tout le pouvoir de l'Amour, de cet incroyable Amour pour l'homme, pour chaque homme, que Dieu a manifesté dans son Fils et qui rend les croyants capables à leur tour de s'aimer les un les autres, même si certains se comportent comme des ennemis.

L'histoire des saints nous enseigne que, parfois, ceux qui sont loin de Dieu, lorsqu'ils expérimentent sa Miséricorde, peuvent finalement devenir plus généreux et, comme le dit l'évangile, "dépasser" ceux qui croient déjà, mais dont les cœurs sont moins ouverts et moins déterminés vers la sainteté.