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Réfléchir la Lumière

Padre Damiano Puccini

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Réfléchir la Lumière

Aujourd'hui, la liturgie présente Jésus comme la Lumière dans les ténèbres. Les ténèbres, dont parle la première lecture - puis l’évangile qui reprend le texte d’Isaïe - ne sont pas une réalité négative en tant que telle, elles n’ont pas de consistance : elles sont un manque de lumière. Ainsi, une lumière suffit pour dissiper les ténèbres, alors que les ténèbres ne peuvent pas étouffer la lumière, car la lumière triomphe sur les ténèbres.

Mais cela peut échouer, et c'est le drame de notre vie. Le péché est précisément le refus d'accepter l'action de Dieu en nous, qui veut nous illuminer. Plus l'injustice se répand, plus la haine et la violence prennent corps dans l'Histoire de l’humanité, plus il est urgent qu'il y ait des êtres lumineux, transparents à l'action de Dieu. Remédier au mal dans le monde est une tâche essentielle pour tous les hommes. Nous avons pour devoir de faire briller la Lumière de l'Évangile. Et plus les abus, la violence, l'injustice, la supercherie, le mensonge se répandent, plus la politique se dégrade, plus l'engagement que nous devons prendre ensemble doit être profond, impliquant, confiant, car l'action de Dieu est lumineuse : "Dieu est lumière, en lui il n'y a pas de ténèbres." Vivre la relation avec Dieu, c'est accepter de réfléchir cette lumière profonde qui peut orienter le chemin de l'Histoire humaine.

Dans la première lecture, nous sommes au cœur du "livre de l'Emmanuel", une collection d'oracles messianiques provenant de la tradition prophétique qui se référait à Isaïe. Leur source d’inspiration originelle doit être la prophétie de Nathan à David. Le noyau prophétique central semble être l'annonce et l'attente d'un descendant de David: l’Emmanuel.

Dans le passage lu aujourd’hui, nous distinguons deux parties: la première partie rappelle le renversement de la situation historique, annoncé par le prophète comme ordonné par le Seigneur, dans la "Galilée des Gentils", ce territoire dévolu à deux des douze tribus d’Israël. Zabulon et Nephtali sont précisément les noms de deux fils de Jacob, qui avaient choisi en partage ces régions de Galilée : l'une plus proche de la mer Méditerranée, l'autre au-dessus, dans la prétendue "courbe du peuple", c'est-à-dire au milieu des païens car, en Galilée, un grand nombre était d'origine païenne. Terre fertile où beaucoup de peuples avaient convergé, depuis l’époque des Assyriens et des Babyloniens. En raison de cela, la région était méprisée. Pourtant, une lumière va briller là où personne ne s’y attendait. Isaïe prédit le retour à la lumière et à la liberté de cette région plongée dans les ténèbres, dans un avenir qui n'est pas davantage précisé.

Dans la deuxième partie, le prophète relie le renversement de la situation avec l'expérience de la joie, exprimée symboliquement à travers le temps de la moisson, la victoire sur les ennemis avec le partage du butin et le rappel de la victoire épique de Gédéon sur les Madianites.

L'affirmation de la foi en Dieu est centrale et souvent soulignée: c’est Lui qui guide l'Histoire! Le prophète n’est jamais un reporter qui survole les événements, mais un explorateur à la recherche de leur dimension "providentielle": celle qui manifeste les surprises de Dieu.


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