Dynamique de vie

La première lecture est encore tirée des Quatre chants du Serviteur. Ces poèmes font référence à un prophète qui a vécu l’Exil et qui raconte cette expérience dramatique à ses disciples. Dimanche dernier nous avons lu le premier poème ; aujourd'hui, nous écoutons le deuxième poème.

Dans le dernier et quatrième chant, au chapitre 53, Isaïe parle de ce serviteur comme d’un agneau mené à l'abattoir, qui reste muet et ne proteste pas. Isaïe explique qu'il a porté les péchés du peuple et qu'il les a expiés. C’est donc un appel à la rédemption et à la purification.

Les péchés que les hommes commettent aujourd'hui ont une gravité plus grande que ceux du passé. Pensons, par exemple, aux formes de violence que nous pouvons exercer aujourd'hui et, partant, au nombre de morts que nous sommes capables de déclencher. Pensons aussi à la violence économique, au pillage d’un peuple par autre peuple, à travers les mécanismes de l'économie, des lois du commerce… Pensons combien l'injustice dans le monde augmente le mal.

Alors qu'est-ce que cela signifie que Jésus a enlevé le péché du monde? Cela ne veut pas dire qu'il l'a fait disparaître, mais qu'il a lui-même adopté une attitude qui a annulé la dynamique destructrice du mal et qu’il nous a ouvert la voie. Car nous aussi, ses disciples, nous pouvons accueillir ces lois fondamentales de la vie, capables de contrer les forces destructrices du mal.

Le mal disparaît en introduisant dans l’Histoire des dynamiques opposées, qui ne reproduisent pas les mêmes mécanismes du mal, mais qui créent des impulsions positives : celles du bien, de la vérité, de la justice. Les forces de vie ont commencé à s'exprimer, devant les forces du mal, avec la création, seulement ces modes de vie initiaux étaient encore imparfaits; cela a permis au mal de s’exprimer.

Nous faisons partie de ce processus, de sorte qu'il est nécessaire d'accueillir la puissance de la vie pour la traduire sous de nouvelles formes et, par conséquent, combler ces lacunes. Au fur et à mesure que des espaces s'ouvrent, la vie doit les remplir mais nos résistances, notre paresse, nos égoïsmes empêchent souvent ces développements du bien, de la vérité et de la justice.

Face à la violence, nous sommes appelés à faire preuve de douceur ; face à la haine, à nous exercer à l’amour ; face à l’égoïsme, à vivre l’oblativité.