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ARCHITECTE ET BÂTISSEUR…

Bertrand Lemaire

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Architecte Et Batisseur

Monsieur Leudurger, ancien sulpicien comme vous, se trouve sur votre route et vous embauche dans la région de Saint Brieux.

Conforté par la mission confiée par le Pape lors de mon voyage à Rome, je décide de suivre ce prédicateur monsieur Leudurger. Successivement nous allons prêcher 10 missions non-stop, dans cette région de saint Brieux. (Chacune durait environ trois semaines)

Je vais vous parler de la paroisse de La Chaize. Dans cette agglomération, il y avait autour de l’église un château puis en contre-bas une abbaye et un peu plus loin une chapelle qui, jadis, avait été très célèbre depuis les prédications de saint Vincent Ferrier. J’avais pour désir que chaque mission paroissiale puisse laisser des traces susceptibles de prolonger les fruits spirituels.

Cette fameuse chapelle vénérée sous le titre de Notre Dame de pitié, était en complète ruine et je souhaitais la restaurer de fond en comble. Je faisais partager à tous les paroissiens cette évidence : ici on ne prie plus Marie et par voie de conséquence le démon développe son influence avec grande facilité. Nous allons réinstaller Marie chez elle, à Notre Dame de Pitié !

Plus facile à dire qu’à faire, en pleine mission ?

Sans négliger mon ministère ainsi que le programme envisagé quotidiennement, je me suis converti en architecte et en entrepreneur. Je dessine les plans, je constitue une équipe d’ouvrier de tous corps d’état, je passe commande de statues auprès de sculpteurs et j’organise le charroi des matériaux. On débroussaille et on nettoie le terrain, on reprend pratiquement l’ensemble des fondations et les murs sont restaurés. Se pose le salaire des hommes qui doivent faire vivre leur famille ! Les dons me permettent d’assumer toutes les charges de leurs salaires.

Devant de tels défis n’aviez-vous pas quelques opposants ?

Oui mais vous savez que je comptais toujours sur les épreuves pour « acheter » le succès spirituel de mes missions. Là non plus les critiques et les injures ne m’ont pas manqué.

Vous imaginez aisément que les trois semaines de la mission n’ont pas suffi pour terminer le travail de restauration de toute la chapelle. Or la mission suivante se déroulait juste à côté, à Plumieux, j’y étais avec frère Mathurin, mais le soir je revenais à La Chaize pour surveiller mon chantier et stimuler mes ouvriers. A ce rythme et en un temps record, c’est une élégante chapelle surmontée d’un gracieux clocheton qui surgit au milieu de la verdure du printemps.

Vous avez probablement prévu une inauguration solennelle ?

Pour fêter la fin des travaux, pendant neuf soirs de suite, des feux de joie furent allumés sur les hauteurs voisines ! Une façon de remercier la Providence pour la réussite de l’entreprise. Cela annonçait également au loin la grande inauguration qui se préparait.

A la fin de la mission de Plumieux ce furent les populations de trente paroisses qui accoururent et défilèrent par rangs de cinq vers La Chaize. La statue de Marie, sous le vocable de « Notre Dame de la Croix » est portée solennellement pendant des kilomètres au rythme des cantiques et des Ave Maria jusqu’au sanctuaire où Marie est déposée au pied du grand Christ qui domine l’autel. (Extraits du livre « En haute mer »)


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