Un signe paradoxal

Dans la première lecture, Isaïe rappelle au roi de Juda, Achaz, qu’il doit protéger son peuple qui est sur le point d'être envahi. Le prophète exhorte donc le roi à placer sa confiance dans le Seigneur, car c'est dans la foi et non par des alliances militaires qu'il trouvera la stabilité et la sécurité. Malheureusement, le souverain ne suit pas le conseil d'Isaïe, il demeure incrédule.

En fait le roi prétend être un vrai croyant, qui ne met pas Dieu à l'épreuve. Si ce sont généralement les hommes qui demandent un signe à Dieu, c'est parce que Dieu les invite à le demander. Ce passage souligne la différence de comportement entre le roi Achaz et Joseph: l'un ne fait pas confiance au Seigneur et succombe devant son peuple ; l’autre reçoit le Messie, dans la foi.

Isaïe s’emporte alors : "Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes: il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu !". Pourtant l'incrédulité du roi ne sera pas un obstacle à la fidélité de Dieu: "C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe. Voici: la vierge concevra un fils, qu'il appellera Emmanuel". Le sens pourrait être le suivant: la ville ne tombera pas entre les mains des Syriens, grâce à la protection du Seigneur, et le signe de l'accomplissement de la parole divine sera précisément le fait que la fiancée du roi va être enceinte et va donner naissance à un descendant légitime, qui montera sur le trône de David. Et pour montrer à quel point Dieu est fidèle à sa promesse, il se révèle, à travers le prénom attribué à l’enfant, comme le "Dieu avec nous".

En outre, il convient de souligner que l'oracle continue en parlant du régime alimentaire du bébé, à base de crème et de miel. Cela signifie que l'enfant, dont la naissance est le signe de la fidélité de Dieu, devra traverser un temps de douleur et d'épreuve mais que le salut se manifestera à travers cette épreuve. En définitive, la promesse de l’Emmanuel est un signe paradoxal: à travers la normalité de la naissance d’un héritier, le Seigneur confirme sa présence dans l’histoire de la dynastie de David. Car Dieu agit malgré le refus du roi mais savoir reconnaitre l’intervention divine exige l’adhésion de la foi.