La vie en rose

Le troisième dimanche de l’Avent, également appelé "Gaudete", est un dimanche de joie et d'espoir. La liturgie nous invite à nous réjouir, car les prophéties se réalisent : le Messie qui va naître est vraiment le Fils de Dieu annoncé. Même la chasuble et l’étole prennent une couleur inhabituelle: le rose, couleur de la joie que chaque chrétien doit ressentir à l’approche de la naissance de Jésus.

Dans la page d'Isaïe que nous avons lue, se profile une image pleine de lumière et d'espoir. "Laissez le désert et la terre aride se réjouir, laissez la steppe fleurir ...". Le prophète annonce au peuple en exil la joie de la libération. Le désert se transforme en un magnifique verger, en un jardin de délices que les exilés vont traverser pour rentrer chez eux. Il y aura une voie sacrée, par où reviendront ceux que le Seigneur a sauvés.

Quand le Messie naîtra, la création entière verra la gloire de notre Dieu : les aveugles pourront voir, les sourds entendre, les boiteux sauter et les muets parler. La joie et le bonheur régneront sur la terre, il n'y aura plus de tristesse ni de larmes. L'Emmanuel, le Dieu avec nous, ouvrira de nouveaux horizons : tous pourront être une partie vivante de la société et donc de l'Histoire, même ceux qui ont un handicap. Cela se réalisera lorsque, sur terre, le Peuple mettra en pratique la Loi du Seigneur que le Verbe, en s’incarnant en Marie, est venu nous enseigner.

L'image cosmologique suggère une profonde transformation dans l'âme des déportés. Les handicaps énumérés sont le signe d'un affaiblissement de la foi tandis que leur guérison annonce un renouveau intérieur. La tristesse, l'avilissement et le découragement sont radicalement vaincus, non par un effort de volonté, mais par un don du Seigneur qui fait prospérer tout ce qu’il recrée. Certes, cela ne se produit pas contre ou sans la liberté humaine, de sorte que même ceux qui rentrent doivent, par leurs efforts et leur collaboration, renforcer les mains et les genoux défaillants. Il s’agit de trouver sa force dans le Seigneur en resserrant les liens avec la communauté, en prenant la responsabilité des plus faibles, en les aidant à redécouvrir le chemin de la foi.

Ainsi, nous comprenons l’exhortation adressée à ceux qui ont le cœur abattu, une exhortation qui indique le Salut divin sur le point de se manifester. Le Seigneur n'est pas un Dieu indifférent et distant, mais un Dieu solidaire, qui s’est lié par une Alliance avec son Peuple, un Dieu qui veut sauver.

Le texte reprend les thèmes de l'Exode: le Seigneur marche à la tête du groupe des rapatriés, comme lors du départ d'Égypte. Cette route est le symbole d’une vie morale devenue praticable, correspondant au désir profond d’un cœur transformé. C'est un chemin que le Peuple peut emprunter maintenant qu'il a été transformé par l'expérience de l'amour divin.

L'oracle d’Isaïe annonce un monde radicalement renouvelé, totalement "autre" que le monde marqué par le péché, la douleur et la mort.