"Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les commencements en Galilée, après le baptême proclamé par Jean". Par cette proclamation à Corneille et à sa famille, l'apôtre Pierre résume en quelques mots son expérience du Seigneur et avec Lui. Comme ce fut le cas lors de la relecture de toute l'histoire du peuple d'Israël, telle qu'elle est recueillie dans les livres du Premier Testament, Pierre relit son vécu avec le Maître comme une expérience de foi. La dimension historique de la figure du Christ est soulignée par l'indication des lieux: Galilée, Nazareth, Judée, Jérusalem. Le Jésus de l'Histoire a parcouru ces contrées, il y a conclu son existence terrestre.
"Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance" : l'expérience du Jésus historique est aussi une expérience de Dieu, Lui qui a manifesté son pouvoir, parce que Lui était Dieu. Mais la relation de Pierre avec Jésus était avant tout humaine. Pierre ne parle pas ici des enseignements du Maître, de sa doctrine, mais décrit l'attitude de compassion de Jésus qui est passé au milieu des foules, guérissant et libérant tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable.
Pierre déclare qu'il est le témoin privilégié, avec les autres apôtres, de ce qui s'est passé et relate brièvement les faits jusqu'à la Résurrection. Il les décrit en soulignant qu'il mangeait et buvait avec Lui. C'est cette familiarité humaine qui indique la prédilection du Seigneur, jusque dans sa manifestation comme Ressuscité. Parce que la Résurrection est l’Œuvre de Dieu, sa manifestation a besoin d’humanité, d’une humanité simple qui se tisse dans le quotidien.
Dans notre monde actuel - où les effets spéciaux ne surprennent plus personne - habitué à l'exaltation du pouvoir et à toutes sortes de manifestations grandioses, il est nécessaire de retrouver le sens du quotidien, de la simple humanité qui sait manger et boire ensemble, qui sait rompre le pain. La vie quotidienne des hommes est le lieu de la manifestation du divin. Le poids du jour, les relations, le partage de la vie elle-même, toute notre histoire humaine est inséparablement une histoire de Salut, où Dieu manifeste sa présence et son pouvoir de libération. Il faut accueillir l'Histoire avec une humilité sereine, apprendre à lire les signes que Dieu nous donne pour révéler la Résurrection dans nos vies.
Pierre, en nous rapportant que Jésus est passé en faisant le bien et en guérissant, veut nous fait comprendre, d'une manière ou d'une autre, que la Résurrection n'est pas un acte ponctuel ni le fait d'un instant, mais qu'elle accompagne toute la vie, ainsi que la mort. Toute la vie de Jésus est une manifestation de la Vie qui éclate. Ne pensons pas seulement à Lazare, au fils de la veuve de Naïm ou à la fille de Jaïre qui sont revenus à la vie, car la présence même du Seigneur est une manifestation de la Résurrection.
"Celui qui aime sa vie la perd" : celui qui garde sa vie pour lui seul et n'en fait cadeau à quiconque la conduit inexorablement à cette mort opposée à la vie. Mais "celui qui déteste sa vie en ce monde la gardera pour la vie éternelle " car en mourant à lui-même, par la solidarité, le partage et la libération, il se livre au pouvoir de la Résurrection.
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