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Le Serviteur souffrant

Padre Damiano Puccini

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Le Serviteur Souffrant

Aujourd'hui, la Liturgie nous invite à réfléchir sur le mystère central de la foi chrétienne : la Passion, la Mort et la Résurrection du Seigneur. La mission de Jésus ne répond pas aux attentes d'un Messie triomphant, qui établirait un nouvel ordre politique et social, mais initie une nouvelle spiritualité basée sur l'Amour et la fidélité à l'Amour.

En effet si, en ce dimanche des Rameaux, l'accent de la liturgie est également mis sur la jubilation des cœurs simples et des petits, qui louent Jésus comme l’Envoyé du Seigneur, l'arrière-plan reste cependant l'annonce explicite de la Passion et de la Mort du Seigneur. Voici que le prophète Isaïe, plusieurs siècles à l’avance, décrit en détail ce que le Messie devra souffrir. Ici, Isaïe s'identifie totalement avec la personne de Jésus, au point de parler à sa place, à la première personne.

Dans la première lecture, le prophète évoque donc la figure paradoxale du Serviteur souffrant, qui doit faire face à l’opposition dans son ministère. Dans ce passage, c’est précisément le Serviteur qui parle et rend explicite la relation intime qu’il entretient avec le Seigneur et les sentiments les plus profonds avec lesquels il fait face aux dures épreuves de la mission qui lui est confiée. Le Serviteur est un "disciple" qui, comme tel, se met à l’écoute et à l'école de la Parole divine. A cette école, il apprend comment parler à ceux qui sont abattus, qui vivent dans un état d’oppression sévère (par exemple, suite à un deuil, une maladie) et à l’égard desquels la sagesse humaine est impuissante à apporter un authentique réconfort. Car il est important de noter que ce qu'Isaïe voit et livre - une prophétie vivante - à la postérité, a un objectif positif: consoler ceux qui sont découragés.

A y regarder de plus près, la première étape de la vocation prophétique du Serviteur consiste donc dans l'acceptation de la relation entre maître et disciple, c'est opter de suite pour une attitude de fidèle. D'autre part, le terme "serviteur" est beaucoup plus fort que "disciple", car il indique une appartenance totale. Il est souligné ici que l'appartenance sous-entend l’accueil et l’obéissance à la Parole. Chaque matin, le serviteur est réveillé par une Parole divine qui lui ouvre l'oreille, c'est-à-dire qu'il est tous les jours replacé dans la situation de celui qui se fait librement serviteur et se laisse percer l'oreille en signe d'appartenance.

De cette rencontre avec la Parole du Seigneur, sa force jaillit pour faire face à ses agresseurs. L'expérience de la persécution n’est pas prétexte, pour le serviteur, de se plaindre auprès du Seigneur - comme le font parfois les prophètes - mais plutôt de réaffirmer sa fidélité envers et contre tout, précisément parce qu'il est sûr de son innocence et du secours divin qui ne lui manquera jamais. En fait, le Seigneur le soutiendra dans le combat le plus extrême: "Le Seigneur Dieu vient à mon secours : c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages" ... Quand il se fait cracher au visage, arracher la barbe, il ne réagit pas, sûr de la proximité de Dieu avec son serviteur maltraité et battu.

Deux éléments d’importance capitale émergent de cette scène douloureuse: Jésus ne subit pas les outrages et les coups, il les accueille. La raison profonde pour laquelle il reste "sans résistance" réside dans la certitude que Dieu le Père "l'assiste" et le renforce, au point qu'il ne connaîtra ni confusion ni sentiment de défaite. Un autre parole biblique vient à l’esprit: "Il n’ya pas de déception pour ceux qui se fient en vous". Et toute l’histoire du christianisme en est la confirmation totale à travers les siècles.


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